Intervention de M'jid El Guerrab

Réunion du mercredi 5 décembre 2018 à 9h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaM'jid El Guerrab :

L'enseignement supérieur est une étape décisive dans la formation de notre jeunesse. La première des richesses de notre nation est à un tournant, avec le phénomène de massification, avec son internationalisation et avec la diversification, toujours plus importante, de l'offre de formation, indispensable pour répondre aux mutations économiques, sociales, technologiques et culturelles du marché du travail. Cela soulève naturellement la question de son financement et, plus largement, de notre modèle universitaire.

Le groupe Liberté et Territoires est naturellement conscient de l'importance cruciale de ce débat, mais il nous paraît nécessaire de souligner qu'il n'a pas à être abordé uniquement à travers le prisme comptable, eu égard aux enjeux qu'il soulève en matière de rayonnement culturel et d'influence diplomatique.

Monsieur le Premier président, vous soulignez dans le rapport présenté aujourd'hui que la hausse des frais d'inscription serait la meilleure solution pour assainir les finances des universités et assurer ainsi le développement à l'international. Dans le même temps, vous précisez que « l'éventuelle modulation des droits d'inscription renvoie par ailleurs de façon implicite à la question du sous-financement de l'enseignement supérieur français ». En clair, cela signifie-t-il pour vous que le désengagement et le manque de volonté financière de l'État doivent être compensés par un surcoût pour les étudiants ? N'estimez-vous pas que l'enseignement supérieur est un domaine stratégique dont le financement doit être pleinement assumé par l'État, afin qu'il puisse en fixer librement les orientations ? Quelles autres pistes de financement préconisez-vous ?

Par ailleurs, notre groupe est convaincu que la France doit gagner la bataille de l'influence économique et culturelle en promouvant la francophonie, notre mode de vie et nos valeurs. Pour gagner cette bataille, nos universités doivent continuer à accueillir de nombreux étudiants étrangers. Or leur nombre décroît depuis cinq ans, quand d'autres pays renforcent leur attractivité. Alors que vous préconisez dans le rapport le relèvement des droits d'inscription universitaires, vous soulignez que l'hypothèse d'une augmentation des droits pour les seuls étudiants étrangers serait risquée. Vous parlez même d'effet d'éviction. Monsieur le Premier président, pourriez-vous expliquer ces risques ?

Enfin, jugez-vous opportune la mesure consistant à multiplier par quinze le montant des droits d'inscription dans l'enseignement supérieur public pour les seuls étudiants extracommunautaires, donc les étudiants d'origine africaine, lesquels représentent 45 % de l'ensemble des étudiants étrangers, alors même que le Gouvernement annonce vouloir accueillir 500 000 étudiants ? Député des Français de l'étranger, je reviens de Ouagadougou et de Niamey, où j'ai rencontré des étudiants dans nos lycées français. Je peux vous assurer qu'il va y avoir un vrai problème d'attractivité car nous avons érigé face à eux une barrière financière absolument scandaleuse.

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