Intervention de Isabelle Valentin

Réunion du mercredi 14 novembre 2018 à 16h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Valentin :

Jacques Brel disait « fils de bourgeois, ou fils d'apôtres, tous les enfants sont comme les vôtres. Fils de César, ou fils de rien, tous les enfants sont comme le tien. Le même sourire, les mêmes larmes, les mêmes alarmes, les mêmes soupirs… ».

La détérioration de la situation économique pèse sur les familles et par conséquent sur les enfants. Le taux de pauvreté des moins de 18 ans est passé de 8 à 9 %. Ce n'est pas une explosion, mais la dégradation est réelle. Le nombre d'enfants vivant sous le seuil de pauvreté – à 50 % du niveau de vie médian – a augmenté de 158 000, dont 110 000 très jeunes enfants. Aujourd'hui, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en France – moins de 1 700 euros par mois pour une famille avec deux enfants. La situation est d'autant plus urgente qu'elle s'aggrave puisque le taux d'enfants vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 16 à 20 % en quinze ans en France, représentant près de trois millions d'enfants.

Le Président de la République a lancé une grande concertation axée sur la pauvreté des enfants et des jeunes. La moitié des appels au 115 – le numéro d'urgence – provient d'une famille en recherche d'un hébergement d'urgence. En réalité, moins d'une personne sur deux qui appelle le 115 se voit proposer une solution en centre d'hébergement ou en hôtel quand les centres sont pleins. Le réseau est complètement saturé. Le mal-logement a des conséquences considérables sur la vie quotidienne de ces enfants et appelle un sursaut de l'action publique. Les arbitrages financiers se font au détriment d'autres dépenses – alimentation, loisirs, santé, culture.

La pauvreté des familles heurte davantage nos valeurs que la pauvreté tout court. L'article 11 du préambule de la Constitution de 1946 indique que la Nation « garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs ». Soixante-dix ans plus tard, ce n'est toujours pas le cas… Sans l'importance du système de redistribution – notamment des allocations familiales ou de logement –, beaucoup plus d'enfants vivraient dans une famille démunie.

Nombre de jeunes de notre pays sont bien loin de la profusion de la société de consommation, qui s'étale pourtant devant leurs yeux. Ils mesurent l'importance d'être né au bon endroit, dans la « bonne » famille, et il n'est donc pas anodin qu'ils expriment leur ressentiment dans la rue.

Quelles dispositions comptez-vous prendre pour faire face à ce fléau ?

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