Merci pour votre exposé, mesdames les ministres, mais je dois vous dire que vous vous moquez du monde. Dans le contexte historique que nous connaissons, vous venez devant la représentation nationale pour nous répéter inlassablement les mêmes sornettes que depuis dix-huit mois. Vous ne changez pas de cap. Les mesures que vous nous présentez aujourd'hui traduisent péniblement les propos confus du Président de la République. Outre l'improvisation, l'amateurisme et la fébrilité qu'il donne à voir en cette période, le Gouvernement ne répond en aucune façon au socle commun des revendications des « gilets jaunes », à savoir la justice fiscale : que chacun paie selon ses moyens véritables, que les riches paient, eux aussi, selon leurs moyens.
Avec ce projet de loi, Emmanuel Macron se dresse en rempart entre la France des « gilets jaunes » et les riches dont il sert les intérêts. Ce projet de loi épargne les riches ; certaines mesures – telles que les heures supplémentaires défiscalisées et la prime – leur sont même favorables. Ce projet de loi est fait de mesures partielles, temporaires, insuffisantes. Ce projet de loi oublie des catégories entières de la société : il n'y a rien pour l'outre-mer malgré la situation à La Réunion, rien pour les jeunes malgré la mobilisation des lycéens, rien pour les chômeurs, rien pour les fonctionnaires. Ce projet de loi bénéficiera surtout à des salariés du privé disposant d'un revenu que l'on peut qualifier de moyen à élevé. Il n'y a rien pour la justice fiscale : les riches et les grosses entreprises ne paieront pas plus d'impôts alors que c'est la revendication essentielle. En définitive, ce projet de loi est coûteux pour l'État et la sécurité sociale.
Au nom des membres du groupe La France insoumise, je ne vais donc vous poser qu'une seule question : en quelle langue doivent vous parler les « gilets jaunes » pour se faire comprendre ?