Monsieur Bothorel, je rappelle que Nokia, qui emploie 4 000 salariés en France, a annoncé, dans le cadre d'un plan mondial, la suppression de 460 emplois sur deux ans en France. La secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher a rencontré la direction de Nokia ; je verrai moi-même le président de Nokia dans quelques jours, afin de lui rappeler les trois lignes sur lesquelles nous sommes tombés d'accord : premièrement, aucun départ contraint parmi ces 460 emplois ; deuxièmement, aucune fermeture de site ; troisièmement, sans doute le plus important, maintien d'activités de recherche et de développement de Nokia en France. Ce sera le cas à Nozay pour la 5G, technologie la plus vitale, et à Lannion, territoire qui vous concerne directement, pour la cybersécurité.
Au-delà, vous avez parfaitement raison, l'enjeu de souveraineté numérique est vital.
Cela implique d'abord de l'innovation. Le fonds pour l'innovation de rupture, qui a été créé et doté de 10 milliards d'euros, nous aidera également à protéger nos technologies et à gagner en souveraineté numérique.
La souveraineté numérique implique également que nous soyons capables de résister aux sanctions extraterritoriales américaines et au Cloud Act – la loi clarifiant l'utilisation licite de données à l'étranger – , qui permet à n'importe quelle administration américaine de récupérer des données d'entreprises françaises chez un hébergeur. Sous l'autorité du Premier ministre, nous travaillons actuellement à un dispositif de protection des données stratégiques de nos entreprises, afin qu'elles ne puissent pas être récupérées par l'administration ou la justice américaines sans que ces entreprises ne soient averties.
Enfin, la souveraineté digitale est aussi la souveraineté digitale européenne, notamment grâce à la mise en place du RGPD – règlement général sur la protection des données – et d'un espace numérique européen, qui nous permettront d'affirmer haut et fort que nous sommes une nation souveraine et également, en matière digitale, un continent pleinement souverain.