Monsieur le président Mélenchon, une même chose, considérée de deux manières, nous distingue : le diagnostic sur ce qui se passe au Royaume-Uni et l'analyse de notre propre rôle.
Concernant le diagnostic, vous ne voyez pas que ce qui caractérise la situation britannique n'est pas le rejet de l'Union européenne mais la division du peuple britannique, sa fragmentation. Il est en effet frappant que le vote d'hier unisse dans une même attitude négative des gens farouchement hostiles au maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne et des gens qui y sont très favorables. Quand on assiste aux débats qui ont lieu au Royaume-Uni, on ne peut que constater que ce pays n'a jamais été aussi peu uni et que c'est le « Royaume désuni » qui nous envoie ce signal de détresse.
Je ne sous-estime pas l'importance de ce message, car les Britanniques n'ont pas le monopole d'une désunion qui est aussi à l'oeuvre chez nous, dans différents pays de l'Union européenne et un peu partout dans le monde. La différence entre vous et moi, et la différence entre vous et ceux qui ont essayé d'aboutir dans la commission spéciale, c'est que nous nous efforçons par tous les moyens de surmonter ces désaccords, d'éviter cette fragmentation et de trouver des accords qui nous rassemblent. Nous avons le sentiment que, sur cette question du Brexit et du rapport avec le Royaume-Uni, nous avons mieux à faire qu'à découdre et qu'il faut plutôt essayer de coudre et de recoudre.
En tant que président de la commission spéciale, je ne peux que me réjouir qu'elle ait travaillé dans cet esprit. Et je dois dire, monsieur Mélenchon, qu'elle l'a fait avec le concours des vôtres, car il y a un moment pour la posture, il y a un moment pour le discours, il y a un moment pour le talent, il y a un moment pour le duel – et vous être un admirable bretteur – , mais il faut aussi faire preuve de responsabilité partagée. Je rends donc hommage à l'ensemble des collègues ayant travaillé dans la commission spéciale, qui ont tous pris leur part de la responsabilité commune, même si, aujourd'hui, ils aspirent à se défouler un peu – c'est humain, trop humain.