Ce qui manque aujourd'hui à la France, par rapport à d'autres grandes puissances, ce ne sont pas forcément des crédits supplémentaires mais surtout l'acceptation de la prise de risque. C'est une question de culture. Aux États-Unis, quelles que soient les technologies, qu'elles soient cinétiques, numériques ou spatiales, la DARPA est capable de dépenser plus de trois milliards d'euros par an en sachant qu'elle investit les deux tiers de ces crédits en pure perte. La France est-elle prête à accepter que sur le milliard d'euros qu'elle a pour ambition de consacrer chaque année aux études amont, plusieurs centaines de millions d'euros soient utilisés sans déboucher sur rien ? Le modèle américain nous montre que quand on dépense trois milliards dont deux ne servent à rien, le milliard qui, lui, sert à quelque chose débouche sur des ruptures technologiques majeures qui vont ensuite irriguer l'industrie et faire – par exemple – le succès de produits-phares d'Apple. On ne le dira jamais assez : l'écran tactile de l'iPhone est issu de la DARPA, de même que l'intelligence artificielle, Siri et le GPS. L'enjeu est exactement identique en matière spatiale : si on veut des technologies de rupture, il faut, à un moment donné, accepter le risque que certains développements n'aboutissent à rien pour que d'autres entraînent de vraies ruptures et de vrais succès pour notre industrie, ce qui concourt à défendre notre souveraineté.
En guise de conclusion, je tiens à remercier, en mon nom et en celui de mon collègue, l'ensemble de la commission et particulièrement le président Jean-Jacques Bridey pour la confiance que vous nous avez faite en nous confiant cette mission.