Intervention de François-Emmanuel Blanc

Réunion du mercredi 16 janvier 2019 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

François-Emmanuel Blanc, directeur général de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole :

Pour ce qui concerne notre rôle d'opérateur dans la mise en oeuvre des mesures d'urgence, nous avons su faire face, particulièrement pour la prime d'activité, dans des conditions qui ont permis l'activation effective de ces nouvelles dispositions, que ce soit sur le plan informatique ou de l'accueil, et ce malgré une forte augmentation des populations concernées.

S'agissant de l'impact du numérique sur la réponse à la fracture territoriale, nous savons qu'il existe une fracture numérique sociale – le territoire n'est pas à cet égard la variable décisive déterminant la réponse à l'éloignement des services numériques. Cela suppose vraiment une démarche d'accompagnement social et d'inclusion numérique, et nous apportons chacun des services particuliers afin d'aider à l'accès à la citoyenneté numérique.

Une autre dimension est la fracture territoriale numérique : le plan France très haut débit doit rapidement se mettre en oeuvre, notamment dans les territoires situés en zones blanches ou à l'écart du haut débit, pour faire accéder leurs populations, comme les autres citoyens de ce pays, à ces services « plus » et assurer une réponse adaptée aux besoins d'une partie au moins de la population.

Aux yeux de la MSA et de son conseil, car nos élus sont très attentifs à cet aspect, le numérique est bienvenu, mais ne saurait se traduire par une perte de la présence physique dans les territoires.

Pour répondre à la question très large de savoir ce que sont le service public et l'intérêt général, et de la conception que nous en avons, je dirais que, pour ce qui est de la protection sociale, nous sommes des acteurs et des opérateurs des droits de l'homme de deuxième ou troisième génération : je veux parler des droits sociaux, qui sont les attributs de la personne, qui contribuent à la construction de la personnalité de chacun et qui permettent de lutter contre le sentiment de relégation, d'éloignement et de désinsertion sociale, voire personnelle. À travers notre plan stratégique « MSA 2025 », nous apportons une réponse très structurée au besoin de mise en oeuvre de ces droits de l'homme que sont les droits sociaux.

Cette réponse suppose davantage de démocratie dans notre mode de fonctionnement, une professionnalisation accrue de nos élus dans leur capacité à répondre, dans leur rôle de vigie et d'ambassadeur dans les territoires, davantage de proximité dans toutes les branches de la réponse que nous pouvons apporter, un service enfin encore plus global : dans le domaine de la protection sociale particulièrement, le tout est supérieur à la somme des parties. Nous répondons sur la famille et la santé ; nous répondons directement à des personnes dont nous sommes les partenaires tout au long de la vie, et nous les aidons à travers ce partenariat durable à construire leur identité personnelle et leur citoyenneté grâce à l'activation de ces droits sociaux.

Nous agissons également avec une ingénierie de projet en territoire. En tant qu'outil de la cohésion sociale et territoriale, nous sommes en mesure d'activer le capital social territorial à travers nos interventions d'ingénierie de projet auprès des élus, pour l'accès aux soins, par exemple, par le biais de l'appui que nous pouvons apporter à la construction des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé), dans le cadre de la transformation du système de santé, ou aux hôpitaux de proximité afin de mieux articuler leur réponse avec la médecine de ville, dans le cadre des dispositions de la loi de modernisation de notre système de santé. Nous le ferons aussi en partenariat étroit avec les CAF pour la réponse aux besoins de la petite enfance ; nous le faisons en matière de prévention pour les personnes âgées ; c'est pour nous fondamental.

Avons-nous les moyens de répondre à notre mission compte tenu de la baisse des effectifs ? Nous sommes bien évidemment porteurs d'une logique d'efficience : personne dans ce pays n'ignore la situation des finances publiques et nous prenons notre part dans l'effort demandé aux collectivités. Il y a toutefois une limite en deçà de laquelle nous ne pourrons pas descendre si nous souhaitons assurer une proximité territoriale.

Demain, d'ici à dix ans, puisque la question nous a été posée, je pense que la numérisation de la société nous aidera à traiter de façon beaucoup plus rapide et avec moins de moyens humains tout le back office de nos services. En revanche, pour le front office territorial, il faut de vraies personnes qui répondent à de vraies gens ; et les check points ne sont pas suffisants pour répondre aux besoins des populations dans tous les territoires.

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