Intervention de Smara Lungu

Réunion du mercredi 16 janvier 2019 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Smara Lungu, déléguée aux affaires territoriales et parlementaires de La Poste :

Beaucoup de questions posées ont porté sur les services publics. Je rappelle que La Poste est chargée de quatre missions de service public inscrites dans la loi : l'inclusion bancaire, le service universel qui recouvre la distribution sept jours sur sept, la distribution de la presse et la contribution à l'aménagement du territoire.

Faut-il s'interroger, comme nous le faisons depuis une heure et demie, sur l'inclusion numérique et l'accompagnement à son usage ? Je n'ai pas d'avis aujourd'hui. Concernant La Poste, on peut s'appuyer sur le dispositif législatif en vigueur, avec la mission d'aménagement du territoire qui lui est confiée, mais la réponse ne peut venir que du législateur ; nous sommes prêts à y travailler. Rappelons toutefois que, pour l'heure, nos quatre missions de service public sont aujourd'hui sous-compensées : le déficit global annuel atteint environ 60 millions d'euros…

Plusieurs questions ont été posées sur la présence territoriale et l'évolution du réseau postal. Contrairement à presque toutes les postes européennes, la Poste a fait le choix stratégique de conserver un modèle multimétiers qui préserve la présence territoriale, les missions bancaires, le service de proximité, l'itinérance, etc. Or nous devons avant tout faire face à un changement drastique dans les usages, que vous connaissez parfaitement : une utilisation de plus en plus réduite du courrier, qui s'accompagne d'une baisse de la fréquentation de nos points de contact du fait de la dématérialisation des services en général. Du coup, notre stratégie s'oriente vers deux solutions que nous tâchons de mettre en place : pour ce qui est de la présence postale, la mutualisation avec d'autres services ; pour ce qui est de la présence du facteur et la forte réduction du courrier, le développement de nouveaux services, particulièrement dans les territoires ruraux, en lien avec le vieillissement de la population.

D'ores et déjà, La Poste a pris des initiatives qui font sens et sont désormais reconnues, à commencer par le passage de l'épreuve théorique du permis de conduire dans les bureaux de poste. En deux ans, nous avons ainsi accueilli 1,7 million de jeunes que nous ne captions pas auparavant ; c'est une vraie réussite, que je tenais à signaler.

Dans le domaine du dialogue territorial et de la présence postale, je voudrais rappeler qu'un cadre de dialogue territorial a été élaboré, accessible à tous : le contrat de présence postale. Ce cadre est très simple : dans tous les territoires ruraux, dans toutes les communes où il reste un dernier bureau de poste ainsi que dans toutes les communes nouvelles, l'évolution d'un bureau de poste vers un partenariat ne peut se faire qu'avec l'accord formel du maire. Ce cadre de dialogue est rigoureusement respecté. Dans le reste des territoires, globalement constitué par les grandes villes où le maillage postal est très dense et la présence d'autres opérateurs bancaires forte, l'évolution de la présence postale se décide également en consultation avec les maires, sur la base de propositions d'évolution et d'échanges avec l'élu.

Dans le cadre du contrat de présence postale, nous avons établi, au mois de juin dernier, un bilan de ces modalités de dialogue territorial partagé avec le Bureau de l'Association des maires de France (AMF). Ce bilan est positif ; nous conduirons cette année une nouvelle enquête auprès des élus au sujet des modalités de la présence postale.

Je reviens sur la question de l'accès au cash, des distributeurs de billets (DAB) et des services financiers. De fait, dans certains territoires, lorsqu'un bureau de poste est transformé en agence postale communale, le maintien du DAB pose difficulté, pour des raisons de sécurité. Je souhaite néanmoins souligner trois aspects.

Premièrement, dans l'ensemble des points de contact en partenariat au sein des territoires ruraux, agences postales communales ou relais-Poste commerçants, des opérations de dépannage financier sont permises pour les clients de la Banque postale : dans les agences postales communales, cela représente 350 euros par semaine et par personne, 700 euros pour un couple. Ce n'est pas négligeable.

Deuxièmement, pour ce qui est de l'accès au cash, des solutions existent, auxquelles nous devrions peut-être travailler ensemble pour l'avenir. Le « sans-contact » en est une, mais qui ne répond pas aux questions de l'inclusion numérique. Le cashback (remise en argent) peut aussi constituer une réponse qu'il faudrait étudier avec les commerçants, dans les territoires ruraux notamment ; nous sommes prêts à engager cette réflexion dans le cadre des discussions du contrat de présence postale territoriale.

Troisièmement, nous sommes également prêts à un cofinancement des DAB avec les collectivités territoriales.

S'agissant de l'inclusion numérique, dans le cadre du contrat de présence postale territoriale, nous avons déployé de nombreux équipements, en lien avec les collectivités. La question de l'accompagnement des usagers est majeure. Par ailleurs, la question de la détection des fragilités numériques auprès des citoyens n'a pas été abordée alors qu'elle constitue un réel enjeu : la détection des intéressés suppose un réseau physique et un réseau humain. Lorsque les fragilités sont réelles, il faut pouvoir s'appuyer sur un écosystème susceptible de former les usagers et de permettre aussi le retour à l'emploi dans certains territoires.

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