Intervention de Firmine Duro

Réunion du mercredi 16 janvier 2019 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Firmine Duro, directrice des partenariats et de la territorialisation à Pôle emploi :

Monsieur Jean-François Cesarini, Pôle emploi a effectivement, dans le cadre de ses actions dans les territoires, développé au sein de certaines agences des espaces du type tiers lieu, afin de permettre, par exemple, à des demandeurs d'emploi souhaitant créer leur entreprise de bénéficier d'un espace où ils peuvent travailler tranquillement sur leur projet. Nous sommes en phase de test depuis environ un an. Nous avons également ouvert ces espaces à nos partenaires : certaines structures viennent ainsi dans nos agences et sont accessibles aux demandeurs d'emploi. S'agissant de création d'entreprise, une de nos agences accueille une structure du type « La Boutique de gestion ». Les demandeurs d'emploi qui se présentent à l'agence y ont accès sans nécessairement avoir pris rendez-vous au préalable. L'agence de Parentis-en-Borne a, quant à elle, accordé un espace au service du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge de la formation, ce qui permet à cette collectivité d'organiser un accueil de proximité afin de présenter son offre de formation.

Nous expérimentons donc des dispositifs permettant aux demandeurs d'emploi, à nos partenaires et même aux employeurs de se rencontrer. Cela nous permet d'identifier de nouveaux services ou de nouveaux projets sur lesquels il est possible de travailler ensemble. Les partenaires voient effectivement quels nouveaux services ils peuvent proposer, ce qu'ils peuvent apporter de nouveau dans la manière de travailler avec les demandeurs d'emploi. Cela crée également une forme de relation plus naturelle, plus fluide entre les différents partenaires, ce qui permet quelquefois d'avancer un peu plus vite pour un certain nombre d'actions communes.

Pour en revenir à l'exemple que je citais tout à l'heure, sur la manière dont on associe les demandeurs d'emploi et les employeurs à la conception des services dans nos agences, nous expérimentons depuis quelques années la possibilité pour un directeur d'agence d'inviter ses partenaires, les demandeurs d'emploi et les entreprises à discuter sur ce qu'il leur semblerait nécessaire d'améliorer dans le territoire couvert par l'agence. Dans cette discussion, peut émerger le besoin de développer des services ayant trait à la mobilité géographique, ou encore de promouvoir davantage les offres d'emploi situées sur le territoire – car les gens cherchent en priorité un travail à proximité de leur lieu de résidence.

Il s'agit donc d'organiser conjointement des opérations. Dans une agence, par exemple, les demandeurs d'emploi ont souhaité travailler sur la question des aides à la mobilité offertes par Pôle emploi. Ils nous ont dit : « Vous nous proposez des aides à la mobilité géographique ; c'est bien, mais, dans notre territoire, il n'y a pas de transports publics. Même si nous touchons ces aides financières, nous ne pouvons donc pas les utiliser. » Nous allons donc expérimenter, dans cette agence, en partenariat avec la communauté de communes, un service de covoiturage, soutenu financièrement par Pôle emploi.

Avoir ces temps de discussion, d'échange, permet de travailler à la fois sur le contenu de l'offre de services et sur la manière dont elle est mise à disposition. Nous avons eu, par exemple, des échanges sur les services que nous avions mis en place. Les bénéficiaires nous ont dit : « Nous ne les connaissons pas et, de toute façon, la manière dont vous communiquez dessus n'est pas compréhensible pour nous. » D'où l'intérêt, et c'est vraiment l'une des orientations des discussions en cours sur la prochaine convention tripartite, d'associer davantage les gens qui utilisent les services, notamment pour ce qui touche à la manière de communiquer.

Par ailleurs, nous pensons de plus en plus, à Pôle emploi, que la question de la coopération avec les partenaires doit s'inscrire non pas simplement au niveau régional, mais au niveau du bassin d'emploi, comme vous l'avez souligné, monsieur Vincent Thiébaut, à partir de l'exemple de votre territoire. Nos directeurs d'agence développent de plus en plus des coopérations avec les intercommunalités. Je mets de côté la question de savoir qui, de l'État ou des collectivités, doit exercer cette compétence : je parle des personnes, de la « vraie vie ». Or les questions ayant trait à l'emploi doivent être également appréhendées dans le cadre des territoires. L'organisation de Pôle emploi lui permet, tout en étant un opérateur national, de construire des réponses adaptées aux situations dans les territoires. En Guyane, nous sommes ainsi en train de conduire, avec le directeur régional, une réflexion à laquelle les partenaires sont associés, visant à rendre accessibles les services numériques. Nous nous demandons quelle stratégie doit être développée et quels outils Pôle emploi doit créer à moyen terme pour mettre à disposition ces services.

Certaines réalités ne peuvent être prises en compte efficacement au niveau national. Pour nous, il est important et même déterminant de construire des solutions avec les élus au niveau local, au niveau du bassin d'emploi. Cette pratique est pertinente pour les territoires ruraux, bien sûr, mais également dans d'autres territoires. J'en veux pour preuve le dispositif « Territoire terre d'envol », en Seine-Saint-Denis : nous travaillons sur un plan d'action visant à faire en sorte que les offres d'emploi existant dans un territoire bénéficient aux demandeurs qui y résident. On se rend compte que cela nécessite d'engager une discussion sur le terrain.

Vous avez eu l'impression que nos services travaillaient en silo. Or il y a des sujets sur lesquels nous travaillons en étroite coopération, même si nous ne l'avons peut-être pas suffisamment explicité. Sur la question de l'inclusion numérique, par exemple, nous travaillons ensemble pour déterminer les actions que nous pourrions expérimenter conjointement afin d'accompagner les usagers. Ne nous faisons pas d'illusions : un demandeur d'emploi est aussi un allocataire, il connaît la CAF et la caisse primaire d'assurance maladie. Autrement dit, nous avons le même public. Nous savons nous mettre ensemble et cofinancer des expérimentations pour construire un service. L'objectif est de faire en sorte que travailler sur l'inclusion numérique, ce ne soit pas uniquement travailler sur l'offre de services de Pôle emploi, par exemple : il faut travailler également sur la manière dont l'usager utilise les services de la CAF. Au total, l'usager doit devenir autonome pour l'ensemble des services.

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