Monsieur le Premier ministre, lorsqu'en 1958 le général de Gaulle revint au pouvoir, l'un de ses premiers gestes politiques fut de recevoir chez lui, à la Boisserie, le chancelier fédéral d'Allemagne, Konrad Adenauer. Il voulait ainsi montrer la particularité de la relation franco-allemande naissante, relation qu'il concrétisera quelques années plus tard en signant le traité de l'Élysée.
Cette relation marquait, après tant d'affrontements, la puissance de ceux qui portaient une volonté, un rêve, un projet politique qui aboutira à transformer notre continent, en particulier grâce à la construction européenne. À l'heure où le traité d'Aix-la-Chapelle, qui s'inscrit dans cette philosophie, est vilipendé par quelques-uns qui veulent nourrir les fantasmes, en particulier celui d'une annexion de la France par l'Allemagne, le groupe UDI-Agir et indépendants estime utile que vous précisiez le contenu de ce traité, ainsi que l'ambition de la France de rester elle-même tout en participant à la construction européenne.
Au moment où nous nous inscrivons dans les pas de ceux qui ont su construire de grands projets, nous constatons que d'autres savent les détruire. Je pense à ceux qui ont fait croire au peuple britannique que la solution se trouvait dans la sortie de l'Union européenne. Ils ont plongé le peuple britannique et ses voisins dans une crise grave qui est à la fois économique, sociale et politique. Aujourd'hui, ils se retournent vers l'Union européenne pour demander, paraît-il, un délai afin de gérer la situation qu'ils ont eux-mêmes créée.
Monsieur le Premier ministre, il serait selon nous utile qu'au moment d'un divorce qui semble inévitable et qui se déroule dans des conditions de plus en plus floues, vous puissiez nous préciser, d'une part, si le Gouvernement français est prêt à donner son aval à un délai que demanderaient les Britanniques pour le Brexit, d'autre part, quelles concessions au rêve européen il serait prêt à faire, car un délai sans concessions n'aurait pas de sens.