Madame, vous n'êtes pas devant nous par hasard, votre parcours ayant été tout entier dédié au service de l'information. L'information est la meilleure des armes contre la prolifération de ce que l'on appelle désormais les « infox », et la volonté de manipuler les auditeurs, les téléspectateurs, les internautes et les lecteurs. C'est un combat que nous partageons, et le président de la commission a rappelé la loi que nous venons d'adopter.
Je souhaite vous interroger sur la juste représentation des Français et sur le pluralisme. Il faut sans cesse remettre sur le métier la question de l'équité des temps de parole dans les médias, une question tout à fait cruciale tant la représentation des opinions contribue à forger l'opinion publique. Il ne doit pas y avoir de situations de rente dans l'accès aux médias – vous avez rappelé le baromètre du CSA –, car cela empêcherait l'émergence de nouvelles idées et de nouveaux mouvements. Par ailleurs, cette représentation doit être juste, ne pas monter en épingle les situations, ne pas déformer la réalité pour répondre à des intérêts commerciaux ou à des logiques d'audience. À cet égard, peut-on accepter la mesure d'audience en direct réalisée par une chaîne, laquelle adaptera l'information qu'elle délivre à ses téléspectateurs en fonction de l'audience immédiate réalisée ?
La couverture des différents samedis de mobilisation était-elle juste, alors que la marche pour le climat ou celle pour les droits des femmes réunissaient au même moment autant, sinon plus, de personnes ? Quel rôle le CSA devrait-il jouer selon vous dans ces moments ? Peut-il réagir à chaud dans ce type de situation ?
En outre, la multiplication des émissions de plateau et l'évolution de la composition de ces plateaux posent la question de l'examen de l'équité de ces nouvelles prises de parole. La présence de personnalités, certes non partisanes, mais pas du tout apolitiques – qu'il s'agisse d'éditorialistes des pages opinions ou de membres de mouvements sociaux, elles sont souvent très engagées, revendiquent leur subjectivité et font, à ce titre, de la politique – prend le pas sur celles des experts, des journalistes, des chercheurs, en quête, eux, de neutralité, du moins d'objectivité. Comment envisagez-vous l'évolution de la régulation de l'équité des prises de parole par le CSA ?