Intervention de Michèle Léridon

Réunion du mercredi 16 janvier 2019 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Michèle Léridon :

Je le dis en toute franchise, la radio est un secteur que je connais moins bien, mais je l'écoute beaucoup. Il s'agit d'un média de confiance, à ce titre fort précieux, qui a réussi à tirer son épingle du jeu à l'heure du numérique et à prendre le virage du digital. Certaines stations revivent et regagnent des auditeurs via les podcasts. La question des concentrations se pose aussi dans les télévisions privées. Pour que ces chaînes puissent survivre, il faut favoriser la création de grands groupes. Mais il revient au CSA de veiller très attentivement à l'indépendance des rédactions qui y travaillent.

N'appartenant pas à ce stade au CSA, il m'est difficile de répondre aux questions concernant l'avenir des différentes instances. Il me semble qu'il revient plutôt au législateur d'en décider. Par ailleurs, je n'ai pas forcément d'expertise sur les prérogatives des autres instances que vous avez citées. Pour autant, on voit bien l'incongruité de la situation : le secteur demeure fortement contrôlé et régulé, tandis que se déversent sur le digital des contenus de toutes sortes, sans autre forme de contrôle.

Il serait donc logique que ces instances évoluent. Il est nécessaire de trouver un équilibre entre ce que l'on peut trouver sur les plateformes et le contenu des autres médias. Il convient, bien sûr, de conserver la liberté d'expression et la créativité propres aux réseaux sociaux, espaces d'échanges formidables. Il n'est pas question de les remettre en cause, mais simplement de rééquilibrer les choses, notamment à l'encontre des discours de haine, en faveur de la protection de la jeunesse et, bien sûr, de la véracité des informations. Des évolutions sont souhaitables et je crois savoir que des réflexions sont en cours, aussi bien au niveau parlementaire que gouvernemental, notamment au secrétariat d'État chargé du numérique. Emmanuel Hoog s'est par ailleurs vu confier une mission en vue de la création d'un conseil de déontologie de la presse, dont il convient de se demander si le champ sera limité aux médias historiques ou étendus à d'autres.

S'agissant de la couverture du mouvement des Gilets jaunes, je ne veux pas prendre la position d'une « sage » que je ne suis pas. Il m'est difficile de porter un jugement. Le mouvement est protéiforme et, partant, très complexe à couvrir. Les médias ont fait ce qu'ils pouvaient. Dans le secteur social, comme en politique, de nouveaux acteurs émergent. Les règles du pluralisme doivent sans doute être revues, pour permettre à tout le monde de s'exprimer, tout en préservant l'équilibre entre les différents acteurs. Qui plus est, ce mouvement a posé un problème très particulier de représentativité, dans la mesure où, à peine émergées, certaines personnalités étaient remises en cause. Je partage les mêmes interrogations que vous sur l'effet loupe concernant certains événements ou certaines phrases. Le rôle du CSA est bien d'examiner les différentes couvertures du mouvement avec sang-froid. Il a d'ailleurs déjà commencé à rencontrer les directeurs de chaînes. Il faut aussi prendre le temps, pour mettre une distance entre ce qui est ressenti et ce qui se passe réellement. Certains critiquent aujourd'hui une couverture jugée trop complaisante vis-à-vis des manifestants, quand d'autres la trouvent trop complaisante à l'égard de la police ou des pouvoirs publics. Nous devons nous abstraire de ces impressions, afin d'examiner les faits et de vérifier si telle ou telle chaîne ne s'est pas trop attardée sur un incident mineur.

L'exemple des jours interdits, quant à lui, témoigne de l'obsolescence de certaines règles encore en vigueur. Pourquoi interdire la diffusion d'un film un soir, alors que tout le monde peut le voir sur Netflix ou ailleurs ?

Quant aux personnes âgées qui, moins familières des réseaux sociaux, seraient plus enclines à prendre pour vraies des informations qui ne le sont pas, ce sujet relève de l'éducation au numérique. Les jeunes nous disent partager parfois des contenus, qu'ils savent pourtant faux, simplement pour plaisanter. Il est possible que les générations moins agiles sur ces plateformes fassent preuve d'une plus grande naïveté.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.