Intervention de Jean-Louis Butré

Réunion du jeudi 17 janvier 2019 à 9h30
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Jean-Louis Butré, président de la Fédération pour l'environnement durable (FED) :

Je me demande franchement ce que je fais ici… Mme Kaars et moi-même représentons la Fédération pour l'environnement durable (FED) qui regroupe plus de 1 350 associations de riverains et de personnes à qui l'on annonce un projet d'installation de parc éolien, et qui ne sont pas du tout d'accord avec ce que nous venons d'entendre. J'ai l'impression d'entendre un énorme discours de marketing par lequel des sociétés qui gagnent beaucoup d'argent expliquent que tout est merveilleux dans l'éolien. Or ce que nous constatons ne correspond pas du tout à ces chiffres.

On nous annonce le triplement du nombre d'éoliennes – aujourd'hui 8 000– en France. Chaque éolienne valant environ 3 millions d'euros, cet objectif ouvre un marché de plusieurs dizaines de milliards d'euros aux industriels qui fabriquent ces machines. De telles annonces ont des incidences colossales et tout sera fait pour convaincre la France qu'il faut installer des éoliennes. Bien sûr, il y aura des retombées, mais il faut aussi se demander d'où viendra l'argent : il vient des factures d'électricité des Français. J'ignore si les missions comme la vôtre se rendent compte de ce qui se passe sur le terrain : la hausse de la taxe sur le gazole a provoqué une explosion sociale et l'augmentation du prix de l'électricité est notamment liée aux énergies renouvelables ; plusieurs articles récents dont celui du Canard enchaîné révèlent que l'électricité est taxée à 54 %. Or tous les calculs des spécialistes montrent que ce nouveau programme de développement de l'éolien se traduira par un doublement du prix de l'électricité.

Nous représentons la société civile. Je peux vous dire que la colère est immense et que vous allez la transformer en explosion. La Fédération pour l'environnement durable est une organisation responsable : nous ne descendons pas dans la rue, nous essayons de nous battre pour qu'on n'impose pas des machines qui ne correspondent en rien à la vision idyllique qui nous en est présentée – Mme Kaars, qui est une riveraine, vous en dira davantage – à des gens qui n'en veulent pas et qui s'aperçoivent petit à petit qu'on est en train de les taxer ! Toutes les associations membres de la FED protestent : ce n'est pas possible, on se paie notre tête.

J'entends parler d'accélération du programme : de quoi s'agit-il ? Les citoyens protestent, et la seule réponse que leur apportent certains membres du Gouvernement consiste à les empêcher de se défendre ! La commission Lecornu, par exemple, a supprimé la possibilité pour les associations, qui n'ont pas de moyens, de se pourvoir en justice devant des tribunaux administratifs. Je n'ai jamais vu ni lu quoi que ce soit d'aussi antidémocratique ! Comme si cela ne suffisait pas, on a décidé de cristalliser les moyens. En clair, les gens n'ont même plus le temps de lire les dossiers puisque les délais passent de quatre à deux mois pour déposer des moyens. De surcroît, les enquêtes publiques sont supprimées. Nous ne sommes pas seuls à protester ! On ôte aux gens qui veulent se défendre légalement toute possibilité de le faire ! C'est totalement explosif. Nous engageons des démarches administratives et nous déposons des recours auprès de toutes les juridictions possibles et imaginables pour faire annuler ces décrets.

Résumons : d'un côté, une industrie qui prend le pouvoir sur la France en annonçant des chiffres merveilleux et des choses extraordinaires ; de l'autre, des Français saignés par le prix de l'électricité et des taxes en général, au bord de la révolte. Les gens qui font des calculs doivent sortir de leur petit monde et se rendre compte de ce qui se passe sur le terrain.

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