Le balisage et l'« agressivité » du système actuel sont un enjeu très bien identifié. C'est un véritable sujet de préoccupation sur lequel nous souhaitons travailler. La difficulté, c'est qu'il existe des utilisateurs de ce balisage, notamment l'aviation civile et l'armée de l'air. Le ministère doit donc conduire un travail d'équilibriste pour essayer d'alléger les nuisances tout en prenant en considération les impératifs de sûreté et de sécurité nationales liées au trafic aérien et aux vols à basse altitude.
Nous essayons d'adopter une approche graduée. Il a été publié un décret, j'en ai un peu parlé, qui rendra la signalisation de certaines éoliennes fixe et non plus clignotante. Pour les autres, nous allons nous efforcer de synchroniser le balisage pour qu'elles clignotent de manière plus homogène. Nous travaillerons aussi sur les couleurs et les intensités. Ce groupe de travail essaye de pousser le balisage circonstancié, autrement dit de faire en sorte que les éoliennes clignotent seulement lorsque les pilotes en ont besoin et restent éteintes lorsqu'il n'y a personne. Nous souhaitons sincèrement progresser. La marge de progrès est importante grâce aux innovations technologiques qu'il est possible d'intégrer. C'est un sujet bien identifié, traité, qui avance toutefois un peu plus lentement que ce qu'on pourrait espérer en raison des besoins bien réels de certains utilisateurs.
La planification territoriale est également pour nous un enjeu réel, qui est compliqué. L'approche retenue est de mettre à profit les documents d'urbanisme existants (SRADDET, PLU, etc.). Nous publierons des guides pour expliquer aux collectivités comment utiliser ces documents si elles souhaitent aider l'éolien ou, à l'inverse, préserver certains secteurs. Mais l'introduction d'un nouvel échelon dans ce qu'une bonne part des utilisateurs considère comme un mille-feuille assez incompréhensible, ne nous paraît pas des plus opportunes ; mieux vaut utiliser les dispositifs existants, quitte à les améliorer. Le fait que la région Hauts-de-France se mobilise aujourd'hui contre l'éolien est un signal fort qu'il nous faut, me semble-t-il, tous intégrer. Si le dispositif des ZDE a été supprimé par le Parlement, c'est qu'il ne fonctionnait pas très bien. Plutôt que de rajouter une surcouche, il faut améliorer ce qui existe, et mieux planifier.
S'agissant du mix cible et de la compétitivité de la filière, l'éolien coûte entre 60 et 70 euros par mégawattheure sur nos appels d'offres ; il n'est pas encore en état de se développer sans subventions – le prix de l'électricité tourne autour de 55 euros par mégawattheure. On n'en est pas très loin, on n'y est pas encore, mais on est sur une courbe descendante.
Pour ce qui est du risque lié à l'évolution du tarif de l'électricité, des analyses d'impact seront rendues publiques dans le cadre de la PPE. Comme je le disais, le tarif de l'éolien se rapproche de plus en plus du prix de marché. Le tarif du photovoltaïque au sol, qui pose d'autres problèmes d'acceptabilité, est déjà, pour certains projets, sous les prix de marché. Nous commençons à avoir des filières très compétitives, ce qui fait que nous pouvons faire plus d'ENR pour beaucoup moins cher que par le passé. L'augmentation des coûts, comme celle des subventions, sera documentée ; elle est d'un ordre de grandeur qui paraît aujourd'hui acceptable au Gouvernement. Mais il n'est pas question d'un doublement.
S'agissant de l'activité sociale des projets, je confirme que la participation des collectivités et des riverains est un sujet sur lequel nous souhaitons également avancer. Nous avons introduit pour la première fois il y a quelques mois dans les appels d'offres un bonus pour les projets avec participation citoyenne, bonus différencié selon qu'il s'agit de simples prêts ou d'une réelle participation dans la gouvernance. Tous les parcs éoliens qui ont réussi à attirer d'autres acteurs que des institutionnels bénéficient donc d'un bonus.