je suis également chargé du « business développement » chez Siemens Gamesa.
Je vous remercie d'offrir à France énergie éolienne l'opportunité de s'exprimer sur ce sujet. L'énergie éolienne en mer est parfaitement compétitive et mature, comme en témoignent les 3 gigawatts installés par an en Europe. Pour les appels d'offres lancés depuis 2016 en Europe, les niveaux de prix se situent entre 49 et 70 euros du mégawattheure, sachant que quelques-uns d'entre eux ont été attribués sans mécanisme de soutien. Sans revenir sur la renégociation, qui a été largement abordée précédemment, je tiens à souligner que France énergie éolienne est convaincue que l'appel d'offres de Dunkerque permettra de démontrer la compétitivité de l'éolien en mer en France, puisque le prix sera de l'ordre de 60 euros du mégawattheure.
En matière d'emploi, alors même qu'aucune éolienne en mer n'est en service en France, les énergies marines représentent actuellement environ 2 000 emplois. Selon les engagements pris dans le cadre des deux premiers appels d'offres, ce secteur représentera, à terme, 15 000 emplois, soit un doublement par rapport au nombre d'emplois actuel dans l'éolien maritime et terrestre.
Par ailleurs, nous considérons que le cadre législatif et réglementaire précédent, applicable aux appels d'offres 1 et 2, a pu partiellement être à l'origine des retards – l'attribution étant intervenue en 2012 alors que les premiers parcs entreront en service à horizon 2022. Ce délai de dix ans est, certes, particulièrement long, mais il est à comparer aux délais en vigueur dans l'éolien terrestre, qui sont en moyenne de huit ans. Force est de constater que la France est, hélas ! un pays où les projets mettent du temps à se réaliser… France énergie éolienne a été, au cours des dernières années, force de proposition pour améliorer ce cadre réglementaire, en s'inspirant des bonnes pratiques européennes : dialogue concurrentiel, « permis enveloppe », « dérisquage » en amont, raccordement à la main du gestionnaire de réseau… Nous nous félicitons donc des avancées significatives intervenues dans ce domaine, qui non seulement rendent le territoire français plus attractif mais favorisent également la nécessaire baisse des coûts.
Trois points retiennent néanmoins notre attention. Tout d'abord, nous souhaitons que le « permis enveloppe », en tout cas les procédures qui seront mises en oeuvre, permette une réelle flexibilité, c'est-à-dire une sélection des technologies au plus près de la décision d'investissement. Ensuite, même si des progrès ont été faits, nous estimons qu'il est nécessaire de poursuivre l'optimisation du temps des recours. Les premières autorisations en France ont été obtenues en 2016 ; les recours ont donc pris trois ans sur dix, ce qui est particulièrement long. Enfin, nous souhaitons que la fiscalité soit adaptée, c'est-à-dire proche de celle qui est appliquée à d'autres énergies renouvelables, comme l'éolien terrestre ou le solaire, et proche de celle qui prévaut dans d'autres pays d'Europe.
Quant à l'environnement, c'est évidemment un sujet majeur pour le développement de la filière. Celle-ci a besoin de connaissances plus précises en amont, en lien avec la planification spatiale et maritime et les documents stratégiques de façade. L'étude de levée du risque, désormais conduite par l'État, permettra de répondre partiellement à cet enjeu. France énergie éolienne soutient plusieurs initiatives environnementales et programmes de recherche dans ce domaine. J'ajoute que le retour d'expérience sur la base des 16 000 mégawatts installés en Europe fournira également des éléments précis.
J'en viens à la PPE. Toutes les études montrent que l'éolien sera un contributeur majeur à la transition énergétique, non seulement en puissance mais également en énergie. La France, cela a été souligné, dispose du deuxième gisement d'Europe. Dix-huit gigawatts raccordés en 2030 occuperaient 0,67 % des eaux métropolitaines françaises, à comparer aux 6 % prévus en Belgique. Or, si les objectifs de la PPE sont satisfaisants pour l'éolien terrestre, les premières annonces sur l'éolien en mer sont clairement en deçà du potentiel français. L'évaluer à 5 gigawatts à l'horizon 2028, revient, selon nous à négliger ce potentiel et la compétitivité de la filière, alors que l'éolien en mer posé ne nécessitera pratiquement plus aucun soutien public et que l'éolien flottant est en passe de se développer industriellement partout dans le monde. Du reste, la France est en avance dans ce domaine, grâce aux quatre parcs pilotes prévus. L'industrie est prête à s'engager sur les prix, tant pour l'éolien posé, aujourd'hui mature, que pour le flottant, qui le sera demain.
Nous estimons qu'un volume de 1 gigawatt, donc 1 000 mégawatts, par an d'éolien en mer est un objectif minimal pour la période 2019 à 2023, afin de donner de la visibilité à l'ensemble de la chaîne de valeur – je pense aux industriels et surtout aux petites et moyennes entreprises (PME) et entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises. Ce volume serait, en outre, tout à fait cohérent avec l'objectif de 40 % d'ENR à l'horizon 2030 et avec les volumes annoncés et prévus dans les autres pays européens.
Qu'en est-il de l'adhésion à l'éolien en mer ? Selon les études réalisées lors du débat public, cette énergie est globalement très bien acceptée. La participation du public en amont de la procédure de mise en concurrence représentera une amélioration substantielle, car le choix de la zone concentre en général l'attention des parties prenantes. Nous considérons également que tous les usages, notamment les préoccupations environnementales et la pêche, doivent être pris en compte. Enfin, la taxe éolienne, qui représente, sur vingt ans, pour les six premiers parcs, un montant de 1 milliard d'euros environ, contribue à l'adhésion à l'éolien en mer mais elle doit être justement répartie entre les différentes parties prenantes.