En ce qui concerne l'arbitrage entre éolien posé et éolien flottant, il est surtout déterminé par la profondeur des fonds, dans la mesure où, au-delà d'une certaine profondeur, il n'est plus possible d'installer de l'éolien posé. Concrètement, par exemple, au large de la Bretagne, les fonds deviennent vite assez profonds et impliquent donc de passer au flottant ; schématiquement, on peut dire qu'en général l'éolien posé s'installe plutôt à proximité des côtes et le flottant plus au large. Cela veut dire que nos appels d'offres spécifient la technologie utilisée, puisqu'ils sont lancés pour des zones déjà déterminées, dans lesquelles on connaît la nature des fonds. Cela étant, certains pays d'Asie préfèrent lancer des appels d'offres ouverts, permettant de mettre en balance les avantages et les inconvénients de l'une ou l'autre technologie. Pour résumer, plus on est au large, plus il y a de vent, mais plus c'est cher.
En ce qui concerne la place de l'éolien marin dans la PPE, nous ne partageons pas l'analyse de France Énergie Éolienne. Certes, la programmation propose un objectif de cinq cents mégawatts produits annuellement, ce qui est en dessous des mille mégawatts demandés par la filière. Néanmoins, nous considérons que c'est une trajectoire réaliste, sachant qu'elle repose sur le déploiement d'un projet par an, d'abord avec la consolidation de l'éolien posé, puisque l'envergure du prochain projet, qui concerne la Manche, sur une zone qui reste à déterminer, est de l'ordre – assez considérable – de mille mégawatts par an. Ensuite, l'installation de fermes flottantes d'une capacité de deux cent cinquante mégawatts est également envisagée pour développer l'éolien flottant, sachant que nous n'avons pour l'instant que des installations pilotes, de petite taille.
Il faut savoir que, dans la PPE, le coût du mégawattheure produit par les fermes est de l'ordre de 150 euros. La filière est certes prometteuse – et nous pensons qu'à terme le posé et le flottant seront concurrentiels –, mais les projets d'éoliennes flottantes sont nécessairement plus chers. Miser sur des fermes d'une capacité de deux cent cinquante mégawatts nous paraît donc un bon compromis entre les fermes pilotes et les projets de plus grande envergure voués à voir le jour dans l'avenir.
Les objectifs proposés par la PPE nous semblent donc satisfaisants, d'autant qu'il faut faire avec un certain nombre de contraintes qui s'imposent à une filière qui reste à consolider, ce que nous ne pouvons faire que progressivement. Rien n'exclut d'ailleurs qu'en fonction des performances que nous obtiendrons avec les premiers projets et celui de Dunkerque, nous soyons en mesure d'adapter ces objectifs ; mais, pour l'heure, la PPE propose un bon compromis.