Madame la ministre des armées, depuis une dizaine d'années, l'espace est à nouveau un théâtre d'affrontement : les grandes puissances font la démonstration de leurs capacités antisatellites ; le Président des États-Unis appelle à la création d'une force armée de l'espace et de telles réflexions ont cours parmi nos autres alliés, notamment le Canada ; les actes d'espionnage dans l'espace sont de plus en plus fréquents. Ainsi, après plusieurs satellites Eutelsat et après l'un de nos satellites Syracuse, le satellite franco-italien Athena-Fidus a été approché par le satellite russe Luch Olymp, lequel a cherché à intercepter nos communications militaires sécurisées, comme vous l'avez encore rappelé la semaine dernière, lors de vos voeux aux armées.
La loi de programmation militaire 2019-2025 a fait le choix du renouvellement de l'ensemble de nos capacités exo-atmosphériques en y consacrant un budget de 3,6 milliards d'euros. Toutefois, il faut aller plus loin. Vous l'avez dit à Toulouse il y a quelques semaines : « Une défense spatiale, [... ] c'est essentiel ». Vous avez mis en place au sein de votre ministère une équipe dédiée pour réfléchir à une nouvelle doctrine et faire de la France une puissance spatiale incontournable – j'insiste sur le mot « puissance ». Vous lui avez fixé un mot d'ordre simple : ne rien s'interdire.
Mme Darrieussecq nous a livré hier un aperçu des moyens qui seront mis en oeuvre. Pouvez-vous à présent informer la représentation nationale au sujet des premiers contours de la future stratégie spatiale de défense de notre pays ?
Par ailleurs, l'Europe spatiale a de grandes ambitions, en matière commerciale avec Ariane 6 comme sur le plan de l'exploration, notamment lunaire. Or nous savons tous ici que l'espace est fondamentalement dual. Au-delà la surveillance de l'espace, pouvez-vous également préciser les autres pistes envisagées par le Gouvernement pour jeter les bases de l'autonomie stratégique européenne dans le domaine spatial ?