Nous sommes effectivement là au coeur du débat. Nous pouvons parfaitement comprendre que l'on ait envie, après des violences et des dégradations commises au cours de plusieurs semaines de manifestations, de prendre des mesures drastiques pour empêcher les débordements de ce type. Toutefois nous avons déjà connu, à une autre époque, une loi anticasseurs, et nous avons bien vu à quels excès elle avait donné lieu.
La France n'est pas un pays comme un autre : c'est un grand pays démocratique. Compte tenu de notre tradition de respect du droit, nous ne pouvons pas nous permettre de faire n'importe quoi. Même s'il y a une exaspération, il faut impérativement que nous soyons fidèles aux principes qui font la grandeur de notre pays. Par conséquent, un manifestant, quel qu'il soit, ne peut pas être traité par une lettre de cachet, comme l'a dit un de nos collègues.
Vous avez précisé, madame la rapporteure, qu'un certain nombre de critères seraient fixés : les personnes concernées devront notamment avoir déjà fait preuve de comportements violents. Vous donnez ainsi à entendre que la mesure doit faire l'objet d'un contrôle judiciaire ou être une peine complémentaire, prononcée à l'encontre d'une personne dont on sait qu'elle a déjà commis des exactions. En tout cas, on ne peut absolument pas prendre une telle mesure à titre préalable. Par conséquent, nous devons supprimer l'article 2, et il faut que vous nous présentiez une mesure permettant d'encadrer la liberté de manifester sous le contrôle effectif d'un juge.