Il faut bien constater qu'un quart de notre population renonce à se soigner car cela coûte trop cher. Les inégalités prennent ici – malheureusement – un visage particulièrement tragique. Il y a aujourd'hui en France six années d'écart d'espérance de vie entre un ouvrier et un cadre.
Les inégalités ne sont pas uniquement sociales. Elles sont aussi territoriales. L'accès à la santé n'échappe pas à cette double réalité. Les disparités prennent des proportions affolantes quand elles s'inscrivent dans un contexte général fragilisé par le démembrement des services publics.
Lorsque l'on évoque la désertification médicale, on a souvent à l'esprit l'image de la ruralité. Nous imaginons cette diagonale du vide, qui épouse désormais les formes de la démographie médicale et recouvre aussi – ce n'est pas un hasard – celles du mouvement des « gilets jaunes ».
Toutefois, je tiens à rappeler que les déserts médicaux sont également bien présents dans certaines banlieues populaires. En tant qu'élue de Seine-Saint-Denis, je mesure quotidiennement les défaillances d'une médecine absente ou lacunaire.