Intervention de Laura Flessel

Réunion du mardi 26 septembre 2017 à 16h30
Commission des affaires sociales

Laura Flessel, ministre des sports :

Madame la présidente, monsieur le président, je suis très heureuse que vous ayez pris l'initiative de programmer cette audition qui nous permet, à Agnès Buzyn et à moi-même, de venir vous parler du sport-santé. En guise de préambule, j'aimerais vous montrer un film très court qui souligne tout l'intérêt qu'il y a à rapprocher ces deux domaines.

(La discussion reprend après la diffusion d'un reportage audiovisuel.)

Belle initiative que celle du programme RIPOSTE (Reconstruction, Image de soi, Oncologie, Santé, Escrime) qui vient de nous être présenté. Mais comment aller plus loin ? Car il nous faut aller plus loin. En effet, 59 % des citoyens de l'Union européenne déclarent ne pratiquer que rarement une activité physique et sportive et 42 % d'entre eux disent n'en pratiquer aucune. Selon l'Observatoire national de l'activité physique et sportive, un Français sur trois a un niveau d'activité physique limité. De fait, l'augmentation de la sédentarité, notamment chez les jeunes, est préoccupante ; or, ses effets négatifs sur la santé sont de mieux en mieux documentés.

Des études de l'OMS montrent que le sport est bénéfique pour la santé, qu'il s'agisse de la prévention des maladies, de l'accompagnement des personnes malades ou de l'amélioration du processus de guérison ou de rémission. Il n'est donc pas étonnant que les ministres de la santé et des sports aient décidé de se saisir ensemble de cette question, dans l'esprit du travail de coconstruction ministériel souhaité par le Président de la République et le Premier ministre.

Nous avons ainsi demandé à l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et à l'Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS) de mener une étude prospective conjointe destinée à dresser un état des lieux des pratiques en matière de sport-santé et à identifier les actions prioritaires à mener ; nous disposerons de cette étude au début de l'année prochaine. Par ailleurs, nous avons lancé avec l'OCDE un programme de travail qui vise à mieux mesurer l'impact des activités physiques et sportives sur les budgets publics dans les pays de l'Union européenne.

De nombreuses initiatives ont vu le jour pour mobiliser l'activité physique et sportive au service de la santé, mais nous manquons de connaissances dans ce domaine encore peu exploré. Ainsi, dès 2012, les Agences régionales de santé (ARS) et les Directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) ont été invitées à travailler ensemble pour soutenir les réseaux qui développent des pratiques adaptées aux patients, tels que le réseau EFFORMIP en Occitanie, les dispositifs « Activ'Santé » en Bourgogne-Franche-Comté ou SAPHYR en Lorraine.

Par ailleurs, une fédération sportive française sur deux propose des activités autour du sport-santé. Par exemple, le programme RIPOSTE propose aux personnes atteintes d'un cancer du sein de pratiquer l'escrime pour une meilleure récupération fonctionnelle après chirurgie. La faculté de médecine de Toulouse, notamment le Dr Dominique Hornus, a ainsi créé une formation spéciale pour les maîtres d'armes. Le CHU de Nancy et l'Institut de cancérologie de Lorraine déploient ce programme et viennent de lancer ensemble une étude clinique pour en évaluer l'impact. Le programme « Athlé santé loisir », quant à lui, propose marche nordique et remise en forme aux personnes souffrant de maladies chroniques, pour lesquelles la Fédération française d'athlétisme mobilise 500 clubs, 1 600 entraîneurs et 120 entraîneurs spécialement formés. Le programme « Rebond », créé par le professeur Didier Blaise à l'Institut Paoli-Calmettes de Marseille, permet à des personnes en rémission après un traitement lourd en onco-hématologie de bénéficier d'un accompagnement assuré par des sportifs de haut niveau – je leur rendrai d'ailleurs visite ce jeudi à Marseille. Quant à la Fédération française de natation, elle propose des actions spécifiques pour les personnes en surcharge pondérale. Enfin, je ne saurais oublier le programme de karaté notamment développé par le Dr Bouillet, ni l'action que mène à Strasbourg le docteur Feltz, qui est l'un des pionniers du sport sur ordonnance, dont il organisera, en octobre, les Assises, auxquelles je serai présente.

La loi de janvier 2016 a reconnu le principe du sport sur ordonnance, donnant ainsi toute sa place à une véritable coopération entre les professionnels de santé et ceux du secteur sportif, qui proposent ensemble une offre d'activité physique adaptée aux personnes en affection de longue durée.

Le développement de l'activité physique et sportive pour la santé, dont les besoins ne cessent de croître, fut l'un des thèmes de la campagne du candidat Emmanuel Macron, qui s'est engagé à doter le territoire de 500 maisons de sport-santé. Ces maisons, dont la création est inscrite dans ma lettre de mission, nous souhaitons qu'elles soient conçues comme des « living labs », c'est-à-dire des lieux d'innovation, rassemblant des professionnels du sport et des personnes éloignées de la pratique sportive où seront proposés des parcours d'activités physiques et sportives personnalisés. Nous voulons également recourir aux technologies de la réalité virtuelle pour développer des pratiques sportives accessibles au plus grand nombre. Ces maisons seront ouvertes aux activités physiques adaptées qui doivent être pratiquées sur prescription et sous contrôle médical ; nous devrons, la ministre de la santé et des solidarités et moi-même, nous assurer de la qualité des bonnes pratiques en ce domaine. Enfin, je vois ces maisons comme des lieux de rencontre et de partage autour du sport qui permettent de se réapproprier son corps et de retisser du lien social. Leur conception et leur ouverture feront l'objet d'une collaboration avec les collectivités locales, les clubs, les professionnels et les associations.

Avant de conclure, je voudrais souligner que s'engager pour le sport-santé, cela veut dire aussi s'interroger sur la santé des sportifs, et je sais que c'est également une préoccupation de la ministre de la santé. Le sport ne saurait en effet être associé à des atteintes à l'intégrité physique. Tout doit donc être fait, notamment avec les médecins du sport, pour anticiper et prévenir. De même, le monde sportif doit participer à la diffusion des messages de santé publique. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que les fédérations sportives se mobilisent pour les actions développées par Santé Publique France. Ainsi, dès novembre 2017, le monde sportif participera à la campagne « Novembre sans tabac ».

En 2024, la France accueillera les Jeux olympiques et paralympiques. Réussir ces jeux contribuera à faire de notre pays une nation plus sportive, ce dont je ne peux que me réjouir car le sport nous rassemble et nous fait du bien.

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