Adjoint au maire de la ville de Strasbourg, qui a inscrit le sport-santé dans une dimension territoriale, j'ai également l'honneur de coordonner le réseau « Villes santé » de l'OMS, qui regroupe soixante communes françaises, et j'ai eu l'occasion de réaliser, en tant que médecin généraliste, plusieurs centaines de prescriptions de sport-santé.
On parle de sport-santé sur ordonnance, mais c'est une sorte de sigle de communicant : plutôt que de sport, il s'agit en fait d'une activité physique. Lorsqu'avec le maire de Strasbourg, Roland Ries, nous avons lancé cette initiative, nous avons décidé de proposer, avec l'organisme qui gère les vélos en libre-service de la ville, les « Vélhop », de mettre à disposition 100 vélos sur ordonnance. Cependant, après quelques mois, nous avons constaté que ces vélos n'étaient pas utilisés. Pourtant, les médecins avaient repéré les malades, s'étaient efforcés de les convaincre et les avaient orientés vers des éducateurs sportifs formés. En fait, 70 % des malades concernés ne savaient pas faire de vélo... Il faut en déduire que la sédentarité favorise la survenue de maladies chroniques, et aggrave la maladie lorsqu'elle s'est déclarée. Nous avons donc créé une « école de vélo » pour ces malades chroniques d'âge mûr et âgés. Le sport-santé, c'est avant tout la pratique d'une activité physique.
En tant que médecin généraliste, je préconise depuis longtemps la pratique d'une activité physique, car je suis convaincu de son utilité pour la prévention, primaire et secondaire, des maladies. Mais mes efforts étaient vains, en raison de freins culturels ou sociaux. Comme vous le savez, les affections de longue durée touchent trois fois plus les populations les plus pauvres. Or, l'une des inégalités sociales de santé est l'inégalité d'accès à l'activité physique et sportive.
L'ensemble des 300 médecins généralistes de Strasbourg ont prescrit une activité physique à plus de 2 000 patients cancéreux, hypertendus, obèses, souffrant de maladies cardiovasculaires stabilisées ou séropositifs. Dans ce cadre, le médecin traitant fait son travail de repérage, d'accompagnement et de motivation, puis il oriente le patient, en lien avec le médecin spécialiste, vers l'équipe municipale de sport-santé ou, dans d'autres villes, l'office municipal des sports, un centre médico-social ou une association. Le patient est ensuite accueilli par des intervenants spécialisés, qui dressent un bilan de ses capacités physiques avant de lui proposer une activité adaptée. L'intervenant tient le médecin généraliste informé, de sorte que celui-ci peut interroger et motiver son patient et dispose, dans son logiciel professionnel, de propositions d'activité physique. Un lien se crée ainsi entre ces mondes autour de l'usager, du malade chronique, notamment lorsqu'il est issu des populations les plus défavorisées.
Au plan sanitaire et social, les résultats sont également très importants. Dans le cas, par exemple, des diabètes non insulinodépendants, dits « diabètes gras », dont le nombre explose, la pratique d'une activité physique permet de réduire de moitié le coût de prise en charge d'un patient. Des sommes considérables sont donc en jeu. De fait, lorsqu'on prescrit un traitement contre le diabète ou l'hypertension, on sait que le patient devra suivre ce traitement à vie. Or, cette thérapie non médicamenteuse permet de diminuer – rapidement, dans le cas du diabète – ce traitement, voire de l'arrêter. (Applaudissements.)