La France est une république sociale. Ce principe constitutionnel incarne le modèle social français, au coeur duquel se trouve la solidarité de tous les Français. Ce modèle social unique cimente notre nation. Beaucoup nous l'envient, et il faut rappeler sa valeur et sa force au moment où certains sont si prompts à fustiger les dépenses sociales de notre pays.
Malheureusement, depuis une vingtaine d'années, on constate que l'accès aux droits sociaux n'est plus universel. C'est le développement du non-recours : un droit, une aide instituée par les pouvoirs publics et financée par l'État et les collectivités territoriales, mais qui n'est pas perçue par son ayant-droit.
Ce phénomène est désormais bien identifié. Complexité des procédures, barrières numériques et linguistiques, lenteur et manque de pertinence de l'accompagnement proposé entraînent un non-recours massif aux droits sociaux. Je voudrais insister ici sur les 40 % de bénéficiaires du RSA qui n'ont aucun accompagnement six mois après le premier versement.
Le non-recours ne concerne donc pas uniquement la prestation, mais aussi l'accompagnement. On ne peut espérer lutter contre la pauvreté et réduire les effets des accidents de la vie – ce pour quoi le RSA a été pensé – sans un accompagnement individualisé, intense et précoce. Il faut donc un accompagnement humain à toutes les étapes, y compris après le retour à l'emploi.
Le non-recours n'est pas une fatalité. La montée en puissance de la nouvelle prime d'activité l'a montré, il est efficacement réduit par la simplicité des procédures et l'information des bénéficiaires.
Les lieux d'accueil doivent donc être multipliés, les travailleurs sociaux mieux formés, et les différents acteurs – CAF, Pôle emploi, centres communaux d'action sociale, départements, associations – doivent nouer un dialogue permanent.
Nous devrons en tenir compte pour faire réussir le futur revenu universel d'activité prévu par la stratégie de lutte contre la pauvreté. Madame la secrétaire d'État, comment le Gouvernement compte-t-il assurer un accompagnement effectif quelle que soit la porte poussée par l'ayant-droit ?