Intervention de Alain Ramadier

Séance en hémicycle du mardi 5 février 2019 à 21h30
Débat sur l'action de l'État dans l'exercice de ses missions régaliennes en seine-saint-denis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Ramadier :

Résultat : les postulants acceptent de moins en moins souvent les logements proposés dans ces quartiers. Les classes moyennes qui y sont nées s'en vont et, en dépit de vos efforts, monsieur le secrétaire d'État chargé de la ville et du logement, la mixité sociale n'est pas au rendez-vous.

Répétons-le, entendons-le : la Seine-Saint-Denis est le plus jeune département d'Île-de-France et l'un des plus jeunes de France. Je peux vous dire que personne n'attend de quotas dans les grandes écoles ou de grands discours sur la discrimination. Notre jeunesse n'attend rien, elle entreprend : les quartiers prioritaires sont des endroits où l'on crée deux fois plus d'entreprises que partout ailleurs en France. Qui le sait ?

Si l'image des quartiers reste négative, c'est que les problèmes décrits dans ce rapport persistent depuis des années. Ce n'est pas simplement la faute du gouvernement actuel, c'est celle de tout le monde. Selon le Conseil national de l'ordre des médecins, l'Île-de-France est ainsi la région française qui enregistre la plus forte diminution du nombre de médecins. D'un côté, il y a dynamisme entrepreneurial et quartiers rénovés ou en cours de rénovation, de l'autre, départ des classes moyennes et désertification médicale : comment comprendre cela ? Comme le dit le géographe Christophe Guilluy, les zones urbaines sensibles sont non pas des ghettos, mais des sas, d'où les gens et les fonctionnaires partent, dès qu'ils le peuvent, faute de trouver un cadre de vie prospère.

C'est donc à une prise de conscience globale que le présent rapport appelle : 0,96 % de notre produit intérieur brut est aujourd'hui consacré à la police, contre 1,02 % en Europe ; 0,23 % est consacré à la justice, contre 0,34 % en Europe. Progressivement, nous sommes passés de la rationalisation au rationnement des politiques publiques, sacrifiant les missions régaliennes de l'État sur l'autel des économies à court terme, qui ne changent rien au déficit structurel de nos finances publiques.

À l'instar de toute la France périphérique, urbaine ou rurale, la Seine-Saint-Denis ne demande pas de passe-droits, elle veut la République ; la méritocratie et l'ordre ; la cohésion et la sécurité. Si l'on note un effort budgétaire important, madame la ministre de la justice, avec notamment une augmentation du nombre de magistrats et de greffiers, ce qui nous a été confirmé par le président du tribunal de grande instance de Bobigny, cet effort doit être poursuivi et amplifié, et cela dès le prochain projet de loi de finances.

Contrairement à ce qu'a dit le Président de la République hier, on ne peut pas, on ne peut plus faire mieux en dépensant moins. Nous, députés de l'opposition, sommes prêts à travailler avec la majorité et le Gouvernement pour apporter notre concours à la reconstruction de la République en Seine-Saint-Denis. Saisissez la main que nous vous tendons. C'est l'avenir de la Seine-Saint-Denis et de toute la France qui est en jeu !

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