J'en suis arrivé à faire attention – je n'y parviens pas toujours – à ce que l'on ne puisse modifier le sens de mes phrases, même par segment. J'espère toutefois que votre second degré remplira son office, à savoir nous alerter sur le complotisme et la généralisation des informations fausses, véritable plaie de notre époque. Nous ne pouvons, bien entendu, que viser cet objectif, la question étant de savoir comment nous y prendre.
Je veux insister sur trois points. Tout d'abord, l'ensemble des missions de l'école doit être relié à cet objectif. C'est que je voulais dire tout à l'heure en évoquant la logique et la culture : si nous réussissons à ancrer les savoirs fondamentaux dès l'école primaire, nous aurons déjà fait le principal pour lutter contre le complotisme et la vulnérabilité aux fausses informations. D'autres moyens pourraient être employés, mais c'est déjà fondamental.
Ensuite, il est vrai que des enseignements spécifiques doivent porter sur ce point, la question étant de savoir où les insérer. Nous avons commencé à les intégrer très fortement dans l'éducation morale et civique. Celle-ci constitue en effet un véhicule pédagogique adapté, car les enjeux de l'éthique numérique viennent s'articuler avec les enjeux moraux classiques.
Nous les insérons aussi dans les enseignements numériques tels qu'ils se développent. Je veux insister sur la généralisation de la formation à la programmation informatique, qui est désormais inscrite au programme de l'école primaire, du collège et du lycée. Cet apprentissage de la programmation présente, selon moi, un double avantage : il permet de développer la logique, avec les vertus que j'indiquais un peu plus tôt, et d'enseigner l'éthique de l'informatique, qui fait partie intégrante des enseignements numériques.
Enfin, il est exact que nous inscrivons dès maintenant cet enjeu dans les référentiels de formation initiale et de formation continue. Nous ne partons pas de zéro puisque nous nous appuyons sur l'expérience très riche du CLEMI, que vous avez eu raison de citer. Il est important de rappeler que le CLEMI, en ce moment-même, propose des outils pour lutter contre le complotisme.