Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du mercredi 6 février 2019 à 15h00
Débat sur l'école dans la société du numérique

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

C'est une bonne question de conclusion, qui permet la mise en perspective indispensable de ce sujet.

Je reprendrai les termes que j'ai utilisés tout à l'heure et qui sont vecteurs en la matière : protection et ambition, la protection étant la condition de l'ambition.

Nous devons protéger nos enfants contre la passivité, contre le risque de ne pas être des sujets actifs dans le monde où ils sont appelés à évoluer, mais des individus qui subissent passivement des flots d'informations et des logiques technologiques sans les comprendre. C'est pourquoi il est si important de se donner des objectifs de protection, ce qui se traduit, au ministère de l'éducation nationale, par l'installation d'un protecteur de données, la définition de règles et une philosophie très clairement posée, exempte de toute naïveté. Il ne s'agit pas de sauter sur sa chaise en criant « Le numérique ! le numérique ! Le numérique ! » en attendant des résultats magiques. Nous faisons preuve, au contraire, d'une lucidité vigilante vis-à-vis des enjeux de protection, qu'ils portent sur les données, sur les usages néfastes ou sur toutes sortes d'éléments qui ne sont pas bons pour les enfants et les adolescents. De ce point de vue, la société numérique dans laquelle nous entrons nous rappelle à nos devoirs d'éducation au sens fort du terme.

La protection est donc une notion clé, qui ne s'oppose pas à l'ambition ; elle en est même la condition. Et l'ambition est très forte. Nos enfants doivent apprendre et connaître le numérique. On parle souvent de générations X, Y ou Z mais, en réalité, les enfants et les adolescents ont généralement une connaissance superficielle du numérique. Ils doivent connaître la programmation, savoir ce qu'il y a dans la machine, comprendre les enjeux du numérique, avoir été éduqués à l'éthique du numérique. Tous ces sujets d'approfondissement ne sont pas seulement des sujets techniques, ce sont aussi des sujets éthiques.

Éduquer au numérique est, à mes yeux, essentiel, mais nous devons aussi éduquer par le numérique, ce formidable levier d'apprentissage. Tout ce que j'ai dit jusqu'ici va aussi dans ce sens. Ce levier fantastique permet de personnaliser les usages, je l'ai dit, les profils des élèves, d'adapter les réponses à chaque enfant. On peut ainsi lutter contre les dyslexies de manière assez efficace par le numérique. On peut rendre ludiques des apprentissages a priori rébarbatifs.

Le numérique a donc un potentiel formidable, à condition que la lucidité soit au service de la réussite. Les deux vont ensemble. Le service public de l'éducation nationale permet à notre école d'être aux avant-postes de ces enjeux à l'échelle mondiale parce que nous sommes un des rares pays à avoir un système national d'éducation. Il nous permet d'être plus efficaces en termes de protection, mais aussi en termes de levier pour être un pays qui innove, invente, montre un chemin, que ce soit sous l'angle de la protection ou celui de l'ambition.

Du point de vue de la protection, l'interdiction des téléphones portables à l'école, par exemple, a fait parler dans le monde entier et certains pays commencent à nous imiter. Du point de vue de l'ambition, nous pouvons être un laboratoire et un levier des technologies de l'éducation. Nous avons installé, il y a quelques mois, au ministère de l'éducation nationale, le « 110 bis », un laboratoire qui a vocation à se répliquer dans les rectorats de France. Il illustre ce que nous souhaitons pour chaque établissement : que l'institution éternelle qu'est la bibliothèque, au centre de l'établissement, soit couplée à un laboratoire où les usages numériques deviennent naturels et permettent l'esprit d'équipe et le travail collectif.

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