Mes chers collègues, nous avons, vous avez aujourd'hui une responsabilité immense pour sortir le pays de l'ornière. Il nous revient, il vous revient d'offrir une porte de sortie digne à ce mouvement social et de prendre les mesures qu'attendent nos concitoyens. Les tours de passe-passe, les usines à gaz et autres lectures partisanes ne suffiront pas. Prenez enfin de la hauteur !
Le cadre du grand débat montre que les leçons n'ont, semble-t-il, pas été retenues. Les questions rapides sélectionnées dans la thématique « Fiscalité et dépenses publiques » sont une caricature de néolibéralisme. Je vous invite tous à y jeter un coup d'oeil. Dès la première question, vous cédez à la fable qui revient à comparer l'État à un ménage lambda qui vivrait au-dessus de ses moyens. Or les faits montrent que l'État n'est pas un agent économique comme les autres, tout simplement parce qu'il détermine « son niveau de rémunération » à travers l'impôt qu'il lève.
Nous avons droit, ensuite, à la deuxième question, au célèbre triptyque « Baisse des impôts, réduction de la dette et diminution des dépenses publiques ».
Quant à la troisième question, elle pourrait être reformulée ainsi : « Quelle politique publique voulez-vous sacrifier ? La défense ? L'éducation ? L'environnement ? »
Ces interrogations sont à des années-lumière de celles formulées par les concitoyens que j'ai rencontrés ces dernières semaines, et qui m'ont parlé justice fiscale, accès au service public, égalité républicaine. Une telle lecture partisane de la mobilisation citoyenne risque fort de cliver plus encore notre pays.