Sans revenir sur la démesure des chiffres, il faut quand même garder à l'esprit l'ampleur du projet : une fosse de 2,5 kilomètres de long et de 400 mètres de large, sur une surface de 1 500 hectares de forêt primaire où évoluent plus de 2 000 espèces animales et végétales, dont de nombreuses espèces protégées. Au regard de ces éléments, on prend bien la mesure des risques que la Montagne d'or fait courir aux populations locales, à leur santé, à la ressource en eau et à la biodiversité.
Pour ce qui est des risques liés à l'utilisation du cyanure, la pollution des nappes phréatiques et les conséquences désastreuses sur le vivant seraient une réalité qui pourrait affecter la Guyane pour les décennies à venir. Si ce territoire bénéficie actuellement de ressources naturelles exceptionnelles, notamment l'eau et le bois, et présente une biodiversité parmi les mieux préservées au monde, il fait face à un taux de chômage de 22 %, dont 46 % chez les jeunes : la Guyane a donc désespérément besoin de solutions.
Monsieur le ministre d'État, je vous ai entendu, mais j'insiste : pensez-vous qu'il soit utopique d'envisager un autre projet, plus respectueux de l'environnement et de sa diversité biologique, dans l'esprit du principe « éviter, réduire, compenser » ? Un projet plus vertueux, qui prévoirait l'utilisation du thiosulfate de sodium comme alternative au cyanure ? Un projet également plus ambitieux, qui préfigurerait la structuration d'une filière aurifère pourvoyeuse d'emploi et de richesse pour la Guyane et qui permettrait de lutter contre le fléau du mercure et de l'orpaillage illégal ?
Dans tous les cas, l'investissement dans l'industrie extractive ne doit pas limiter le développement de filières locales durables à forte valeur ajoutée comme celles du bois, des énergies renouvelables, de l'agriculture et de l'aquaculture durables, ou encore de l'économie sociale et solidaire. Il est de notre responsabilité d'explorer ces pistes en concertation avec les Guyanais, pour un avenir durable de la Guyane.