Étant le dernier orateur, je serai direct, mais je rappelle d'abord, monsieur le ministre d'État, que vous disiez vous-même, au mois de septembre, que le projet de la Montagne d'or ne pouvait en l'état être mené à son terme. C'est, grosso modo, ce que nous avons pu tirer des réponses que vous nous avez apportées toute la matinée.
Vous reconnaissez que ce projet suscite des tensions fortes en Guyane, mais que notre responsabilité n'est pas de le repousser, ni de repousser l'exploitation aurifère. Nous consommons ce produit, c'est-à-dire l'or, qui vient d'autres pays où les règles sociales et environnementales ne seront jamais au niveau des nôtres. Vous avez rappelé le cas du Brésil, mais il y en a de bien pires.
Nous sommes sur une planète unique, et les structures de notre société rendent l'or indispensable. Il n'y a pas aujourd'hui d'alternative à son usage, contrairement à d'autres minéraux extraits de la terre, comme le diamant, qui peut aujourd'hui être produit artificiellement de manière industrielle. Pour l'or, cette alternative n'existe pas. Repousser son extraction sur d'autres territoires serait d'une indécence totale vis-à-vis des populations des pays qui en subiront les conséquences environnementales et sociales.
Notre responsabilité est tout autre : elle est de reprendre ce projet à la base. C'est la volonté du groupe Libertés et territoires. Nous voulons que ce projet soit à la hauteur des enjeux.
Pardon d'avoir fait des allers-retours dans ce débat, monsieur le ministre d'État, mais je devais conclure ce matin, dans une salle voisine, un colloque sur la comptabilité extra-financière – celle qui peut compter ce qui ne l'est pas dans les bilans financiers, qui est capable de mesurer le social et l'environnemental. Alors, êtes-vous prêt à reprendre ce projet pour en faire la référence planétaire de l'exploitation de l'or, en y intégrant une exigence de comptabilité extra-financière traduisant le niveau de vigilance sociale et environnementale le plus élevé du monde ? Êtes-vous prêt à faire de ce projet la COP 21 de l'exploitation aurifère et minière, pour que la France redonne du sens à cette exploitation au niveau planétaire ? Car ce n'est pas seulement un sujet guyanais, ou français, mais c'est un sujet qui intéresse toute l'humanité.