Vous nous demandez aujourd'hui de nous prononcer sur une loi pour une école de la confiance. Malheureusement, le compte n'y est pas. Votre mesure phare, l'instruction obligatoire dès l'âge de 3 ans, repose en partie sur un mensonge. En effet, comme mon collègue Hetzel l'a souligné avec raison tout à l'heure, dans des pays comme l'Estonie ou la Finlande, parmi les meilleurs du classement du programme international pour le suivi des acquis des élèves – PISA – , l'instruction n'est obligatoire qu'à partir de six ou sept ans. Or nous prenons une direction totalement inverse.
Une école de la confiance ? Certainement pas envers les familles : celles qui choisiront de scolariser leurs enfants âgés de 3 à 6 ans à domicile devront être contrôlées, selon vous, au moins une fois par an. Une mesure pour le moins disproportionnée, qui montre bien la défiance à l'encontre de ceux qui sont pourtant les mieux à même de connaître les besoins de leurs enfants. Sans compter, j'y reviendrai, les difficultés que ces mesures précipitées poseront aux communes. Il y aura des surcoûts importants, c'est certain, d'où cette question : qui paiera ?
Une école de la confiance, mais rien ou presque sur l'autorité ou sur les violences envers les enseignants. J'avais déposé un amendement à ce sujet, rejeté au motif qu'il ne présentait pas de lien avec le texte. Avouez que cela commence mal. Pourtant, dans ma ville, à Béziers, jeudi dernier, un professeur du lycée Mermoz a été violemment agressé par le père d'un élève de quinze ans. Le tribunal correctionnel vient de condamner l'agresseur à deux ans de prison ferme, ce qui est heureux ; malgré tout, l'élève en question réintégrera sa classe dès mercredi, alors que sa violence envers ses professeurs et ses camarades n'est plus à démontrer. Quelle réponse apportons-nous avec ce texte ? Aucune, malheureusement.
Une école de la confiance, enfin, mais rien de concret pour faciliter la scolarisation des enfants handicapés. Oubliée l'école inclusive et brisée la confiance des parents de ces enfants !
Je pourrais continuer longtemps, constat que je ne dresse pas de gaieté de coeur, croyez-le, monsieur le ministre, car notre pays aurait bien besoin d'un texte un petit peu plus ambitieux.