Monsieur le ministre, nous aurions pu aborder ce soir de nombreux sujets, comme vous l'avez suggéré à l'ouverture de la séance, et peut-être rétablir certaines vérités au sujet des fermetures de classes. À ce sujet, vous vous abritez derrière un taux d'encadrement mesuré au niveau départemental, prenant en compte le dédoublement des classes de REP – réseau d'éducation prioritaire.
Cette approche « macro » ne reflète pas la réalité de l'école dans notre ruralité. Pour certains enfants de grande section de maternelle, le temps quotidien de transport en bus peut excéder deux heures. En outre, les zones de la ruralité qui ne sont pas classées REP souffrent de fermetures de classes et d'un taux d'encadrement dégradé. Surtout, l'inégalité des chances augmente en défaveur des enfants scolarisés en zone rurale, même par rapport aux enfants scolarisés dans les banlieues. Leurs chances de connaître une ascension sociale sont inférieures à celles dont bénéficiaient leurs parents.
Nous aurions également pu évoquer la réforme des lycées, qui créera des inégalités sociales en déstructurant les filières d'enseignement, au détriment des enfants issus des milieux les moins favorisés. Surtout, elle renforcera les inégalités territoriales. En effet, les territoires périphériques sont les grands oubliés de certaines options, notamment le numérique ou les langues. C'est bien le comble, au moment où l'on déplore la fracture numérique !
Nous voici donc parvenus à l'article 1er du projet de loi. Vous entamez le texte avec votre point fort, monsieur le ministre : il s'agit d'un article de pure communication – la seule matière où vous obtenez la moyenne depuis votre nomination !