Le soir, après la classe, ils nous aidaient à faire nos devoirs et organisaient des activités. Souvent, ils militaient dans les amicales laïques des villes et des villages. Ils étaient des militants engagés.
À l'heure actuelle, ces mêmes enseignants seraient engagés en faveur de la défense de l'environnement, considérant qu'il s'agit d'un enjeu essentiel et que l'éducation des enfants devrait les inviter à militer pour cette cause en vue d'améliorer le climat.
Les mêmes se demanderaient : « Qu'avons-nous raté ? » Il fallait alors quatre générations pour faire fonctionner l'ascenseur social, il en faut désormais six. Qu'est-ce qui a fait reculer ce chiffre ? Est-ce le fait que les enseignants ne militent plus ?
Il me semble que de nombreux enseignants ont considéré qu'ils pouvaient se contenter de faire leur travail et qu'ils n'étaient plus des acteurs de la société ni des militants. L'institution les a emmenés vers cette conception de leur fonction, en les incitant à prendre du recul.
Monsieur le ministre, l'avenir, me semble-t-il, sera fait d'enseignants considérant que leur emploi est un enjeu essentiel pour le fonctionnement de la démocratie et de la République, et en déduisant qu'ils doivent jouer un rôle militant. Même s'ils tiennent des propos engagés sur les réseaux sociaux ou ailleurs, il faut leur faire confiance.
Au demeurant, dans nos villes et nos villages d'autrefois, ils étaient engagés politiquement, comme secrétaires généraux des mairies – notamment dans les petites villes – ou comme élus. Il faut faire preuve d'une volonté de cet ordre. Dans votre projet de loi, je lis la volonté de les neutraliser, ce qui ne me semble pas une bonne chose.