Nombre d'entre nous l'ont dit : cet article 1er donne le ton de l'ensemble de la loi ; et, au rebours de l'annonce faite par le titre, c'est un ton de défiance vis-à-vis des enseignants – comme si une confusion s'installait entre l'accomplissement responsable d'une mission et une obéissance aveugle, comme si ressurgissait cette vieille confusion entre le fonctionnaire-sujet et le fonctionnaire-citoyen.
Nous faisons résolument pour notre part le choix du second, qui doit pouvoir s'exprimer. Je rappellerai le hashtag « pas de vagues », qui a montré combien il était nécessaire que les enseignants prennent davantage la parole ! La pression qu'exercera cet article 1er peut, je crois, mettre en danger les missions des enseignants.
Les termes subjectifs qui sont employés ici peuvent être compris comme une volonté de répression vis-à-vis des enseignants, alors même que l'injure ou les propos diffamatoires dans l'exercice des missions peuvent déjà être sanctionnés par la loi.
L'enseignant est le concepteur de son métier ; sa liberté d'opinion et d'expression doit être entière. D'ailleurs, les enseignants sont, dans le cadre de leur métier, interrogés par les élèves sur des croyances, sur des opinions ; chaque jour, ils se débrouillent pour apporter des réponses. Si la confiance a un sens, ce doit être celui-ci : se fier à la capacité de discernement des enseignants comme au respect viscéral de la liberté des élèves qui les meut.