Monsieur le ministre, lorsque j'étais maire, nous étions très fiers, je m'en souviens, d'équiper nos écoles primaires en salles informatiques et en matériel approprié, car nous avions le sentiment de donner ainsi à nos élèves des outils supplémentaires destinés à la réussite scolaire. En revanche, lorsque l'on nous a demandé d'équiper aussi les écoles maternelles en ordinateurs, j'étais instinctivement très réticente, et j'ai résisté le plus longtemps possible avant de le faire, considérant que, chez un très jeune enfant, la plus-value éducative n'allait pas de soi. Puis est venu le moment où je n'ai plus pu résister, parce que les programmes scolaires prévoyaient cet équipement et qu'il nous fallait nous soumettre à l'obligation de fournir des écrans dès la maternelle.
Aujourd'hui, la donne a changé : vous l'avez dit, il s'agit désormais d'un problème de santé publique. Les exemples se multiplient d'enfants qui se désocialisent, mettent en péril leur santé et vivent un état d'addiction ; pour leurs familles, la difficulté à comprendre le phénomène et à le résoudre est immense.
Dans ce contexte, les amendements en discussion peuvent être considérés comme des amendements d'appel – vous les dites satisfaits – destinés à nous faire réfléchir à l'âge plancher auquel il conviendrait d'introduire l'informatique. Je vois de très jeunes enfants qui, hors de l'école, avec leurs parents, manipulent des tablettes avec une incroyable dextérité : ils savent très bien faire et il n'est pas nécessaire de les exposer trop précocement dans le cadre scolaire aux écrans, dont les atouts sont infiniment moindres pour eux que les risques. Il s'agit bien d'un appel : le sujet mérite en lui-même que nous y réfléchissions.