Nous parlons évidemment d'un sujet extrêmement important. Je rejoins la plupart des interventions pour dire que nous ne devons pas faire preuve d'immobilisme sur cette question. Nous allons bien sûr engager des évolutions.
Permettez-moi d'abord de rappeler que nous avons entamé, en avril 2018, ce que nous appelons l'agenda social. Cela nous a permis d'avancer sur un certain nombre de sujets, comme celui du prérecrutement, que nous avons évoqué tout à l'heure. La question des conditions de travail des directeurs d'école ainsi que des inspecteurs de l'éducation nationale est justement inscrite à l'agenda social, en ce moment même, avec toute une série de travaux qui doivent nous amener à des évolutions.
À mes yeux, la question du statut ne doit pas être le point de départ de la réflexion, mais éventuellement son aboutissement, comme cela a été dit à juste titre. Nous devons avoir une vision systémique du sujet. Notre conception de la fonction de directeur d'école doit être compatible avec l'ensemble du dessin. Or, sur tous ces enjeux, nous sommes au milieu du gué.
La situation actuelle comporte des aspects positifs, que nous devons préserver, mais aussi des aspects critiquables, que nous devons évidemment améliorer. Parmi les avantages de notre système scolaire, je citerai d'abord le fait que certains professeurs des écoles deviennent directeurs et font parfois des allers-retours entre les fonctions de direction et d'enseignement avec une certaine souplesse, ce qui est très bien. Je citerai aussi des formes de coresponsabilisation dans l'école. Si nous ne devons pas perdre de vue ces aspects positifs, nous devons aussi admettre que la situation actuelle comporte des inconvénients, que les uns et les autres avez soulignés à juste titre et qui aboutissent parfois à un manque d'attractivité de la fonction de directeur d'école.
La question du statut n'est donc pas une fin en soi. Si elle peut être éventuellement un débouché du raisonnement, elle ne peut pas en être le point de départ. Le vrai sujet est celui des conditions d'exercice de la fonction de directeur d'école.
Quant aux fonctions d'inspecteur de l'éducation nationale, elles sont appelées à se renforcer. Ce qui me frappe toujours lorsque je rencontre des inspecteurs de l'éducation nationale, c'est qu'ils sont très accaparés par des tâches administratives alors même que leur mission fondamentale est d'ordre pédagogique : il s'agit d'une mission de stimulation et d'observation sur le terrain des progrès de l'école, dans une optique à la fois stratégique et pragmatique.
Cette situation doit évoluer. Pour l'essentiel, ces changements ne relèvent pas de la loi : la partie législative du code de l'éducation contient déjà les bases juridiques de la fonction de directeur d'école, et les éventuelles évolutions relèvent essentiellement du règlement. Cela étant, comme le disait M. Reiss, il est bien normal que nous en parlions ensemble, et c'est d'ailleurs ce que nous sommes en train de faire. Je reviendrai certainement devant vous, notamment devant la commission des affaires culturelles et de l'éducation, pour préciser la direction que nous prendrons. Il est certain que ce sujet va évoluer au cours de l'année 2019.