Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du vendredi 15 février 2019 à 21h30
Pour une école de la confiance — Après l'article 24

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Madame la députée, je vous remercie de votre intervention. Il s'agit évidemment d'un sujet très intéressant, et nous sommes d'accord sur les grands principes que vous avez évoqués.

Vos propos sont d'ailleurs cohérents avec ce qui a été dit ici à plusieurs reprises au cours de nos débats, notamment lorsque nous avons parlé de l'école du socle. Nous avons, en particulier, convenu qu'il fallait raisonner dans l'idée d'une première partie de la vie, qui se déroule à l'école primaire puis au collège, et d'une deuxième partie qui commence avec le lycée et se poursuit au-delà de la terminale. Cette deuxième étape correspond, d'une certaine façon, à la vie d'un pré-adulte, celle d'un citoyen en formation, même si l'école primaire et le collège fournissent également des éléments de formation à l'exercice de la citoyenneté.

Le lycée est le lieu où se développent, parmi d'autres apprentissages, la participation et l'engagement dans le débat démocratique. Cela se fera d'ailleurs de façon d'autant plus réussie que l'on aura acquis les savoirs fondamentaux à l'école et au collège. D'où, par exemple, l'enjeu de l'épreuve orale au baccalauréat et de tout ce que nous allons mettre en place pour développer la capacité à argumenter, à écouter autrui, et tout simplement à développer un raisonnement. C'est pourquoi j'utilise beaucoup les termes de « logique » et de « culture » lorsque je parle de l'école du socle.

S'agissant des droits des lycéens, ce qui est très important – et cela transparaissait d'une certaine façon dans votre propos – , c'est de faire vivre les droits existants, qui correspondent à ce que vous demandez : le droit de participation, le droit d'affichage, le droit d'expression sont consacrés par le code de l'éducation. Je le consultais tout en vous écoutant : une bonne partie des éléments que vous appelez de vos voeux y figurent. Sans en donner lecture pour ne pas prendre trop de temps, je vous renvoie aux articles 511-6 et suivants ainsi qu'à certains autres articles précédents.

Mon approche consiste surtout à faire vivre ces droits existants. C'est d'ailleurs ce que nous faisons actuellement : lorsqu'il y a eu, en fin d'année, des discussions à propos des enjeux du baccalauréat, j'ai, comme vous le savez, réuni le CNVL. J'ai d'ailleurs fait la publicité de ce dernier dans le débat public, parce que certains semblaient en avoir oublié l'existence.

Nous devons nous réjouir d'avoir, en France, aujourd'hui, des délégués lycéens dans chaque lycée, qui eux-mêmes élisent des délégués à l'échelle académique, eux-mêmes élisant des délégués à l'échelle nationale : c'est un processus d'une grande vitalité. Ces délégués sont toujours extrêmement sérieux, constructifs, engagés, dans une grande diversité d'approche d'ailleurs. Il faut le saluer.

Je m'emploie, en tant que ministre, à faire vivre ce processus. Par exemple, je m'entretiens avec ces délégués par visioconférence au moins une fois par mois afin de discuter des enjeux de la mise en oeuvre de la réforme du baccalauréat. Il est extrêmement utile de disposer de ces retours. Dans la mesure où eux-mêmes discutent également avec leurs camarades de lycée, c'est un véritable réseau de l'engagement lycéen que nous possédons aujourd'hui.

L'enjeu essentiel sera donc, selon moi, la mise en oeuvre de l'existant, qui correspond aux trois quarts de ce que vous avez évoqué. Nous aurons peut-être, vous et moi, des divergences concernant le quart restant. Je ne pense pas qu'il faille mettre un lycéen à côté de chaque décideur. Il m'a semblé que vous alliez – mais peut-être me suis-je trompé sur ce point – jusqu'à imaginer en placer un à côté du recteur.

Quoi qu'il en soit, je ne suis pas certain que ce soit la bonne approche. Je pense que l'apprentissage de la décision s'effectue progressivement et qu'il faut laisser au proviseur la possibilité de prendre des décisions pour l'établissement.

Néanmoins, je vous remercie d'avoir soulevé cette question, qui est extrêmement importante. Je pense que vous pouvez envisager les choses avec un certain optimisme : le cadre existe, et les lycéens nous ont déjà apporté la preuve qu'ils savaient le faire vivre – j'aurais pu évoquer aussi les maisons des lycéens, mais je ne peux pas parler de tout. C'est cette vitalité, y compris dans le domaine associatif, que nous sommes en train d'encourager.

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