Madame Bello, le plan de développement des équipements sportifs en outre-mer a permis de financer à La Réunion six projets en 2017, pour un montant total de 1 153 000 euros, dont 40 000 euros engagés sur le plan « Héritage Paris 2024 » et 245 300 euros sur la part nationale pour les travaux de réhabilitation du centre de ressources, d'expertise et de performance sportives (CREPS). Le « risque requins » constitue l'un des obstacles auxquels doit faire face le CNDS à La Réunion, mais les quatre ministères travaillent afin de faire du sport un atout de l'île.
Vous n'êtes pas sans savoir que le budget du ministère a été réduit. Nous maintenons le plan de développement des équipements sportifs outre-mer, tout en abaissant le montant de l'enveloppe à 7 millions d'euros. L'idée est d'apporter plus d'expertise, notamment grâce au concours de deux nouveaux partenaires, l'Agence française de développement (AFD) et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), qui travailleront sur l'amélioration qualitative des infrastructures.
L'AFD ne travaillait pas vraiment sur les infrastructures. Aujourd'hui, plus d'acteurs nous permettront plus d'efficience dans la structuration des infrastructures, plus de valorisation des infrastructures, une plus forte valorisation du sport, pour qu'il soit davantage pratiqué. Nos jeunes aiment le sport mais n'ont pas la culture du sport. L'idée a donc été d'y travailler de manière interministérielle. Il faut une culture sportive, il faut plus de sport à l'école, il faut inciter les acteurs du monde sportif à travailler et développer des projets ensemble.
Le coût de la licence, j'en suis d'accord, est un frein. Nous attendons beaucoup d'une nouvelle gouvernance et d'une nouvelle offre – nous travaillons avec mouvement olympique, mouvement paralympique et collectivités –, destinée notamment aux personnes éloignées des pratiques ou aux personnes en affection longue durée, à qui nous avons des pratiques à proposer. Nous travaillons également avec le milieu économique. Un petit bémol, toutefois : chaque fédération a sa stratégie propre, sa tarification propre, sur laquelle nous ne pouvons influer, même si nous sommes vigilants. L'idée n'en est pas moins d'oeuvrer à une harmonisation pour accroître la pratique sportive.
Quant au sport sur ordonnance, l'idée est encore de valoriser la pratique. Il y a quinze jours était lancé le plan national de santé publique. Pour notre part, nous avons lancé le plan sport-santé la semaine dernière, mais, pour valoriser la pratique sur ordonnance, encore faut-il disposer d'une cartographie. Aujourd'hui, les projets sport-santé sont très nombreux : pour le diabète, pour les maladies cardio-vasculaires, mais aussi pour les maladies psychiques. L'idée est vraiment d'utiliser cet outil de manière empathique et appropriée, mais il faut aussi travailler avec les acteurs de la santé ; nous avons donc lancé cette cartographie pour avoir cette analyse et pouvoir transcrire et labelliser.
Nous sommes allés à la Martinique. Dès la maternelle, on y parle de mobilité et de nutrition. Nous allons capitaliser sur cela pour aboutir à une proposition. L'idée serait d'aboutir à un site qui fournisse toutes les informations nécessaires. La personne en affection de longue durée (ALD) doit savoir où aller, quoi faire, qui voir, à quel rythme et comment s'entraîner. Aujourd'hui, les informations sont abondantes, mais il manque une cohérence. Harmonisons tout cela pour que tout le monde puisse s'y retrouver sur son territoire. On parle de « GPS du sport-santé ». C'est aussi notre ambition. Nous avons décidé de lancer des Live Lab' du sport qui puissent permettre échanges et recueil de données sur les retours des patients ou des futurs pratiquants. Cela nous permettra de structurer cette stratégie et cet accompagnement vers la pratique.
Effectivement, c'est dans la loi, mais il faut aussi que tous les acteurs soient autour de la table pour lancer une stratégie nationale. Nous passons donc par la cartographie, la labellisation, les maisons sport-santé. Le Président de la République l'a dit, nous devons avoir 500 maisons sport-santé, mais il y a déjà énormément d'associations. Nous ferons donc beaucoup de labellisation, et nous pourrons « nationaliser » certains programmes.
Quant à la campagne de lutte contre les discriminations, le sport est un véritable levier d'inclusion et de cohésion. Nous avons décidé de dire stop à la violence dans nos stades. Il y a deux ans, il y a eu une campagne « Coup de sifflet ». Je suis d'autant plus à l'aise pour en parler que je présidais il y a six ans le comité « éthique et valeurs » du sport au sein du ministère. Bénévolement, nous réfléchissions aux outils de nature à former et accompagner nos encadrants et nos bénévoles. L'idée a été de structurer cette campagne pour lutter contre le sexisme, le racisme, l'homophobie, la stigmatisation du handicap. On avait un peu oublié le fait religieux, mais, aujourd'hui, l'histoire nous rappelle à l'ordre. Nous avons donc commencé à travailler avec le ministère de l'intérieur et le ministère la justice à un outil de sensibilisation par rapport au fait religieux. Comment accompagner nos encadrants, nos jeunes, nos sportifs pour qu'ils soient à l'écoute et vigilants, pour qu'ils puissent alerter les fédérations ?
La campagne vise à une prise de conscience. Nous sommes tous des acteurs et nous sommes tous responsables sur le territoire. Nous lançons un appel à l'écoute et à la bienveillance. Nous avons décidé de recourir à dix champions et un arbitre de tennis. Il s'agit de responsabiliser tous les acteurs du terrain, de promouvoir des valeurs, de les inscrire dans les règlements. Comme les règles ne sont pas partout pareilles, je lance le 31 mai un travail informel avec mes homologues européens sur la lutte contre les discriminations, le racisme, l'antisémitisme, le fair-play financier, l'équilibre entre sport professionnel et sport amateur, le streaming, le respect des espaces… Nous pourrons échanger pour préparer l'avenir.
Le 17 mai, j'ouvrirai le colloque sur l'homophobie dans le sport, avec des tables rondes, le matin, et, le soir, une présentation, à France Télévisions, d'un téléfilm d'un footballeur qui a fait parler le monde du sport et du football sur l'homophobie. Refusons le déni, ne détournons pas le regard. Ce serait encourager la passivité et accroître le danger.
Dans nos écoles, dans nos CREPS, à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (INSEP) et dans le réseau Grand INSEP, des modules de formation seront proposés à nos encadrants, nos formateurs. Il va sans dire qu'il en ira de même outre-mer. Nous devons être vigilants sur la sécurité nos jeunes. Notre responsabilité est de les encadrer et de les accompagner.