Monsieur Mathiasin, lors de notre déplacement en Guadeloupe, nous étions en contact avec le docteur Attalah, mais nous sommes aussi en étroite relation avec le professeur Eustase Janky, puisque nous avons à coeur de travailler non seulement sur le sport-santé outre-mer, mais aussi sur le sport à l'université, et avec les États-Unis et le territoire panaméricain. Lorsque vous évoquez la continuité territoriale, c'est au coeur de notre travail. De même, la mobilité est un vecteur qui permettra plus de sorties, mais nous pouvons aussi recevoir, pour des confrontations intra muros, pour que des Colombiens, des Cubains, des Américains viennent. Il faut organiser de grands événements et valoriser le territoire. Nous avons d'ailleurs rencontré le président d'Air France pour mener une réflexion sur sport, hautes performances et outre-mer. Pour valoriser l'outre-mer, nous avons des champions, nous pouvons aussi travailler sur « tourisme et sport », c'est une belle carte de visite.
Quant au plan d'investissement, il y a une solidarité gouvernementale, mais nous avons décidé d'affirmer le travail sur l'outre-mer, de lancer des appels à manifestation d'intérêt pour structurer ces offres. Quels outils pour assurer la pérennité alors que les structures ne peuvent pas forcément résister aux tremblements de terre ou aux cyclones ? Nous avons donc demandé à travailler avec des experts, des architectes, l'AFD, nous voulons aussi un retour des territoires vers le ministère pour structurer notre vision. Soyons tous opérateurs. J'attends beaucoup, effectivement, de ce plan de gouvernance, parce que tous les acteurs sont représentés.
Et il n'est pas acceptable que les sportifs qui reviennent dans les outre-mer ne puissent espérer d'insertion. Aussi avons-nous décidé de lancer une fondation consacrée à l'accompagnement du sportif, pendant et après. Cela passe aussi par la mobilité. Encore faut-il un projet professionnel. C'est pourquoi nous travaillons sur un triple projet : projet sportif, projet professionnel, projet républicain.
Au niveau des formations, nous avons introduit des aménagements appropriés des scolarités au collège et au lycée, avec des dérogations et des adaptations pour nos sportifs outre-mer. Existent aussi des aides à l'insertion professionnelle, avec trois types de convention : conventions d'aménagement d'emploi (CAE) ; conventions d'insertion professionnelle (CIP) ; contrats de travail, contrats d'image. Je vous engage à vous adresser au ministère pour obtenir toutes les informations afin de pouvoir accompagner le sportif, l'aider à une planification en vue du cap de 2024-2025, avec un triple projet.
Quant au dispositif de retraite des sportifs, il doit être retravaillé. Peut-être faudrait-il que nous y réfléchissions ensemble.
Tous ces dispositifs existent déjà. Il faut les valoriser.
Quant à la sécurité et au développement de la pratique au féminin, à travers le CNDS, nous avons un objectif clair d'accompagnement. Nous avons lancé au mois de septembre dernier, le premier comité permanent du développement du sport féminin, qui travaille sur quatre thématiques : la médiatisation du sport au féminin ; la pratique au féminin ; l'économie au féminin ; la gouvernance et l'encadrement au féminin. Nous avons voulu y réunir plusieurs acteurs de terrain : le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) ; les grandes fédérations ; les collectivités ; des champions ; le monde économique. Une co-construction avec tous ces acteurs est nécessaire, il ne suffit pas de décréter que c'est du devoir de l'État. Il faut une réflexion ambitieuse, y compris avec le monde économique, une démarche stratégique, avec un projet, pour que le monde économique aide à ces transformations. Et je vous rejoins : les problèmes de sécurité freinent la pratique dans les outre-mer.
Quant au FEI, je ne sais pas ce qu'il en est du ministère des outre-mer mais, pour notre part, nous nous sommes positionnés clairement, et nous avons lancé ce plan de rénovation pour Saint-Martin, avec 500 000 euros dédiés à la rénovation des infrastructures de proximité pour que cette jeunesse saint-martinoise puisse retrouver ses pistes de jeu.
La fête du sport, pour tout vous dire, à l'instar de la fête de la musique, c'est un positionnement. Les fédérations nous disent, c'est un paradoxe, qu'elles ont des infrastructures, mais ne comptent plus autant de pratiquants. Et les pratiquants nous disent vouloir pratiquer différemment. Il s'agit donc de permettre à ces deux mondes de se retrouver en un endroit, le territoire français ultramarin. Les clubs seront dans les rues, pas dans les gymnases mais sur les places, dans les savanes, dans les villes, sur les plages. Le but est de rétablir échange et communication entre ces mondes qui ne se parlent plus. Il s'agit aussi de donner la possibilité aux clubs de présenter une offre de pratiques accessibles aux personnes en situation de handicap qui ignorent parfois qu'elles sont possibles où elles-mêmes vivent. Souvent, on ne connaît pas son quartier, on ne sait pas qu'il s'y trouve un club de tir ou de natation.
Pourquoi une fête du sport ? Parce que c'est un événement festif par définition, dont chacun se rappellera. En ces temps difficiles, il faut redonner le sourire, y compris aux personnes éloignées de la pratique sportive. Cette fête leur permettra, dans un climat de communion, d'oser essayer de nouveaux équipements – un trampoline installé devant une église par exemple. Les clubs ont besoin de nouveaux pratiquants. Les Jeux olympiques et paralympiques sont destinés aux sportifs de haut niveau mais la fête du sport, elle, s'adresse aux pratiquants actifs ou potentiels. C'est une fête populaire dans laquelle chacun pourra se retrouver.
Nous avons décidé à cette occasion de réserver des crédits pour accompagner les projets de toutes les associations – petites, grandes, de quartier. Pour valoriser cette fête, il nous fallait un outil adapté : nous avons donc mis au point une plateforme sur le modèle de celle qu'a créée le ministère de la culture pour les Journées du patrimoine. Les associations et collectivités pourront y déposer leurs projets afin qu'ils soient cartographiés, en métropole, en outre-mer et aussi, sur le plan bilatéral, dans nos ambassades au Royaume-Uni, en Allemagne, au Maroc et en Corée du Sud, pays qui feront un clin d'oeil à notre fête du sport. Ce sera l'occasion de parler de sports, de les découvrir, de s'y initier. Les territoires organiseront des colloques sur des sujets de leur choix pour ménager un temps de réflexion et d'information. Autre nouveauté : un festival du film et du documentaire sportif, organisé à Paris et en accès gratuit, servira à développer le goût de la pratique sportive.
Le site du CNDS comporte de nombreux renseignements utiles sur cette plateforme, y compris des exemples d'initiatives qui peuvent inspirer d'autres collectivités. Si nous avons choisi d'organiser cette fête du sport du 21 au 23 septembre, c'est parce que c'est l'époque des inscriptions en clubs et en associations. Il existait déjà à ce moment-là de nombreuses fêtes individuelles et nous avons voulu créer une fête nationale où, partout sur le territoire, seront arborées les mêmes couleurs : les kakémonos seront fournis et chacun bénéficiera d'une même visibilité. Nous montrerons ainsi que le monde du sport est une entité et qu'il transforme le pays, notamment en vue d'atteindre l'objectif de trois millions de pratiquants supplémentaires pour mettre la France en mouvement.
Enfin, j'entends les inquiétudes du monde associatif au sujet des emplois aidés. Cela étant, nous pouvons mieux les accompagner grâce aux emplois Sésame, aux emplois sportifs qualifiés et au service civique, et je souhaite favoriser les formations qualifiantes. Tous ces mécanismes ont pour objet d'accompagner les jeunes et d'orienter leurs compétences en direction des métiers du sport et de l'animation sportive. Le service civique a pris de l'épaisseur et les jeunes qui l'effectuent sont autant d'ambassadeurs susceptibles de transformer les clubs. Quant aux contrats aidés, ils n'ont pas disparu puisqu'il en reste tout de même 200 000 dans le secteur du sport, même s'ils ont été orientés vers les clubs des quartiers prioritaires et autres petits clubs qui ont besoin d'un réel soutien. Cela étant, je le répète, notre objectif est d'encourager les formations diplômantes.