Chers collègues, mesdames et messieurs de la presse et autres, soyez les bienvenus à cette réunion de la délégation aux outre-mer. L'ordre du jour appelle différents points, mais puisque le ministre est arrivé et que son temps est compté, je vous propose de commencer par le troisième point, à savoir l'audition de M. Franck Riester, ministre de la culture.
Monsieur le ministre, cher Franck Riester, je suis heureux de vous accueillir au nom de mes collègues de la délégation aux outre-mer et des personnes venues assister à cette réunion. J'ai vivement souhaité cette audition car, de tous les défis que pose la pleine considération de la réalité vivante de nos territoires, le défi culturel n'est pas le moindre et, dans la vaste palette de vos attributions, les problématiques ultramarines vont prendre une grande place au cours des mois à venir.
À votre arrivée au ministère, vous avez trouvé sur votre bureau le dossier de la transformation de France Ô. Nous en avons discuté au printemps avec M. Walles Kotra, le directeur exécutif en charge de l'outre-mer à France Télévisions, et avec les représentants de l'intersyndicale de France Ô. Quelle que soit leur analyse sur ce sujet délicat, les membres de la délégation ont en commun une préoccupation majeure – qui est aussi la vôtre, je n'en doute pas : la visibilité des outre-mer dans l'audiovisuel public.
Une autre préoccupation se fait également sentir, celle des personnels de la chaîne, qui me confiaient, ce matin encore, la détresse dans laquelle les plonge leur ignorance quant à leur devenir. Nous espérons qu'à l'occasion de cette audition par la délégation aux outre-mer, vous pourrez les rassurer à ce sujet.
Sur le même thème de la visibilité, entendue comme la condition de la contribution effective des outre-mer à la culture nationale, j'évoquerai également la question de la connaissance au sein de l'Hexagone des cultures des outre-mer dans leur riche diversité.
Notre délégation a tenu, le 12 octobre dernier, un colloque ayant pour thématique « L'Archipel France – Cultures plurielles, enjeux et représentativités ». De ce colloque, je retiens surtout que nous avons un défi collectif à relever, propre au caractère mondial de la France : faire entendre sur l'ensemble du territoire de la République toutes les cultures de la République. Dans les réponses à ce défi, nous trouverons, je pense, des éléments qui viendront en complément de la définition de la notion d'exception culturelle française.
Dans un tout autre esprit, la préservation du patrimoine, et singulièrement du patrimoine architectural, est une question qui doit aboutir à conjuguer les actions menées par votre ministère et celles conduites par le ministère du logement en vue de redynamiser les coeurs de ville. Je pense par exemple au classement de certains édifices réalisés par l'architecte Ali Tur, au lendemain du cyclone de 1928 en Guadeloupe.
Mais le patrimoine vernaculaire doit aussi être regardé avec une attention particulière. À ce titre, il arrive bien souvent que nos populations soient polyglottes, comme en Polynésie ou encore en Guyane. Les outre-mer foisonnent d'innovations linguistiques et sont, à cet égard, des espaces que la recherche se doit d'investir. Je pense notamment au cas du créole. Ces espaces doivent être valorisés. Ils doivent être les fers de lance de la francophonie et de l'influence culturelle française dans leurs zones géographiques respectives. Je rappelle d'ailleurs qu'à l'heure actuelle, 60 % des francophones sont des populations noires ou métissées et qu'à l'horizon 2050, ce sera le cas de 80 % des francophones.
Enfin, la sauvegarde de la mémoire entretient avec la protection du patrimoine, dans nos territoires, une interaction spéciale sur laquelle nous aimerions connaître votre perception, et qui est particulièrement sensible en cette année où nous commémorons le 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage.
Monsieur le ministre, cher Franck Riester, en vous renouvelant nos remerciements pour votre disponibilité, je vous donne maintenant la parole.