Monsieur le ministre, je suis très content de vous entendre.
Vous avez longuement évoqué la Guyane et je vais y revenir, notamment à propos du Pass culture, mais permettez-moi tout d'abord de rappeler que, depuis septembre 2017, le ministère de la culture a établi une cartographie des équipements culturels publics par territoire. La décision a été prise de faire des régions qui comptaient moins d'un équipement culturel public pour 10 000 habitants des territoires culturels prioritaires. Au nombre de ces territoires figure la Guyane dont les équipements culturels ont été évalués, à Saint-Laurent-du-Maroni que vous citiez, à quatre pour une population de 43 600 habitants.
S'agissant du Pass culture, il nous est difficile, en Guyane, quand on sait les problèmes rencontrés en termes de numérique, de parler de ces applications qui, logiquement, ne fonctionneront pas puisque la couverture n'est pas acceptable aujourd'hui. J'expliquais à votre collègue du Gouvernement, M. Mahjoubi, qu'aujourd'hui, en Guyane, nous connaissons un véritable problème de couverture puisque, même sur les routes nationales – nous sommes en France et en 2018 ! – il n'y a aucune couverture. La situation est grave, puisqu'il peut arriver que l'on fasse jusqu'à 3 heures de route sans pouvoir appeler quand on rencontre une difficulté.
Parler du Pass culture me permet d'évoquer ce qui se passe dans l'Ouest. Vous avez parlé de Sinnamary et de Saint-Laurent-du-Maroni. Là encore, il n'y a pas véritablement de cinéma, pas de bibliothèque, et encore moins de musée. Il est donc très intéressant pour ces territoires de pouvoir faire l'expérience du Pass culture. Mais à mon avis, il faudrait davantage d'accompagnement, notamment pour les écarts. Car dans ces endroits, monsieur le ministre, la culture est peu encadrée et elle est, majoritairement, le fruit d'initiatives privées. Cela constitue incontestablement un frein à la démocratisation culturelle. Comme je le disais : pas de théâtre, pas de bibliothèque ni de complexe culturel. Or, vous le savez mieux que moi, la culture a pour mission principale de permettre à tous de se retrouver et, donc, de créer un sentiment d'appartenance.
En ma qualité de député de la Guyane, je me permets donc d'appeler votre attention sur la nécessité d'adapter ce programme à la problématique des écarts. Les habitants des écarts sont isolés du reste de la population guyanaise, tout en étant administrativement rattachés aux villages et aux communes. Ils doivent donc, je pense, bénéficier d'un accès privilégié à la culture. La culture doit donc venir à eux. Aussi, monsieur le ministre, avez-vous d'ores et déjà des pistes de réflexion pour adapter cette volonté politique à la réalité de certains territoires, et notamment à celle de la Guyane ?