Monsieur le ministre, pour ma part, je ne veux absolument pas faire de procès d'intention car, dans notre groupe, nous connaissons votre engagement pour l'outre-mer. De plus, vous arrivez à votre ministère. Donc, évidemment, vous n'êtes pas responsable de ce qui s'est passé avant vous.
En revanche, je souhaiterais malgré tout revenir sur l'adéquation des intentions et des déclarations à la réalité objective. Le Président de la République a évoqué le fait qu'il fallait davantage de décrochages sur ce qu'il appelait les chaînes « nobles », France 2 et France 3, avec de véritables garanties. Ce sont des mots forts. Le Premier ministre a, lui, parlé de cahier des charges, en évoquant l'information, la météo, les documentaires, les magazines, les émissions politiques, la fiction et en prenant l'engagement de travailler dès la rentrée pour présenter une feuille de route dès la fin de cette année. Nous sommes donc déjà en dehors de tout cela pour le moment !
Je voudrais toutefois souligner que, lorsque l'on parle de France Ô qui ne va pas – et nous le notons également dans notre rapport –, la responsabilité est aussi celle de la tutelle, car l'offre éditoriale était peu lisible. On sait pertinemment que France 4 a amélioré son audience dès lors qu'elle a été consacrée uniquement aux enfants. Cela n'a pas été le cas de France Ô. On fait donc le procès de quelque chose qui n'a jamais eu vraiment l'occasion de se mettre en place.
Par ailleurs, vu l'ambition fixée par le Président, le Premier ministre et vous-même, je constate que l'on passe de cinq à trois chaînes ! Il a été demandé à ces trois chaînes d'augmenter leurs obligations de diffusion, que ce soit sur les programmes ultramarins, les programmes jeunesse ou les programmes régionaux. Je pense donc qu'il n'y aura plus beaucoup de place pour tout cela et que l'atterrissage finira par devenir compliqué.
Pour le numérique, on a évoqué le fait que France Ô se trouvait reléguée à la périphérie. C'était déjà le cas sur le hertzien mais, sur le numérique, ce ne sera plus à la périphérie, mais vraiment aux confins. Car vous connaissez maintenant les audiences numériques. Les exemples étrangers ont été mis en avant, mais a priori, on ne peut en tenir compte car, en réalité, une audience numérique ne tient que si l'offre hertzienne est suffisamment forte – comme une vitrine qui pousserait l'offre numérique. Certes, Netflix sait assurer cette audience mais en investissant des millions et des millions dans sa communication, ce qu'à l'évidence, ne pourra pas faire le service public. Il semble donc essentiel de conserver un linéaire fort pour développer une offre numérique.
On parle de 2020. Or, vous le savez, des émissions sont d'ores et déjà supprimées sur France Ô. Cela a commencé dès juin et septembre. Rien n'est prévu pour les remplacer. Certes, on pourra suivre au jour le jour. Néanmoins, pour programmer des émissions, il faut s'y prendre à temps. Nous connaissons donc aussi un problème de décalage dans le temps, face à ce qui va arriver.
Je ne parlerai pas du Pass culture aujourd'hui, car ce sujet nécessiterait une audition en soi. Je pense effectivement que ce qui est compliqué s'agissant du Pass culture, c'est la fracture numérique et ces lieux où il n'y a pas accès au numérique et où, comme vient de le dire notre collègue, il n'y a pas d'accès à une offre culturelle. Il est difficile de proposer une offre culturelle sans numérique et sans offre culturelle. Mais nous aurons l'occasion d'en reparler.