Au titre III de votre texte de loi, « améliorer la gestion des ressources humaines », vous proposez de renommer les écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPÉ) « instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation » (INSPÉ). Nous ne comprenons pas en quoi ce changement d'intitulé pourrait conduire à l'amélioration de la gestion des ressources humaines et des contenus de formation, aspect primordial et totalement absent de ce texte. Nous constatons que le partenariat nécessaire entre l'université et l'académie n'est pas mis en cause dans ce texte, ce qui est juste dans la mesure où il a permis depuis quatre ans de concourir à l'amélioration des dispositifs de formation. Alors quel est l'objectif réel de ce changement ?
Alors qu'aucune évaluation sérieuse des effets de la formation actuelle n'a été menée pour voir quelles pourraient être les marges de progrès, vous décidez d'en changer le nom, après seulement quelques années d'existence, et ce alors que les ESPÉ commençaient seulement à prendre réellement la place des IUFM dans l'esprit de la communauté éducative. Cette proposition peut tendre à décrédibiliser une nouvelle fois la formation des enseignants.
Deuxième point : vous parlez des ressources humaines et semblez vouloir chercher des solutions à la crise des vocations, un véritable problème pour notre système éducatif. Cette crise, qui touche aussi les remplacements des enseignants et pénalise les élèves les plus défavorisés, mérite une analyse plus en profondeur et la prise en compte d'évidences. Commençons par nous interroger sur la difficulté croissante des métiers de l'éducation, leur sous-rémunération au regard des études effectuées, la pénibilité psychologique de ces métiers et les perspectives de carrière.
Oui, il faut repenser les conditions du pré-recrutement et permettre à des étudiants intéressés d'assurer certaines missions pour grossir le vivier de candidats potentiels. Cependant, les conditions de cette pré-professionnalisation méritent d'être traitées plus à fond et soulèvent de nombreuses questions : qui pour remplacer les AED dans leur mission d'assistants de vie scolaire dans un contexte de suppressions de postes ? Comment favorise-t-on une entrée progressive dans le métier ? Quelles sont les conséquences engendrées par cette prise de fonctions sur les études des étudiants ? À quel moment et dans quelles conditions doit-on évaluer la capacité des futurs enseignants ?