Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du mercredi 30 janvier 2019 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

C'est un sujet très important, comme beaucoup d'autres. L'objectif est de tirer le système éducatif français vers le haut, tout en développant la mixité sociale.

Je partirai d'un exemple pour en venir à la politique que nous menons, avant de répondre à la question qui m'a été posée sur l'évolution de l'éducation prioritaire, car les deux sujets sont effectivement liés.

Prenons l'exemple de la Seine-Saint-Denis. Il y a dix ans, nous avons travaillé avec de nombreux élus locaux à l'implantation d'un lycée international dans l'est parisien, à la charnière de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et de la Seine-et-Marne. Ce projet apparaissait comme une tentative de rééquilibrage territorial vis-à-vis de l'ouest parisien, à même de tirer l'est parisien vers le haut et de favoriser la mixité sociale. Dix ans après son lancement, nous pouvons dresser les premiers bilans, et je serais très intéressé de les partager avec vous. Je ne crois pas que personne ici aurait l'idée de réclamer la fermeture de cet établissement. Une telle décision serait synonyme de régression sociale pour tous les élèves, notamment les internes, mais également ceux qui sont issus des quartiers alentour. C'est toute la montée en puissance de ce territoire et la mobilité sociale qui seraient compromises.

Qui dit mixité sociale, dit coexistence de classes favorisées et de classes défavorisées, ensemble. Si l'objectif est d'éviter qu'il y ait des classes favorisées dans un endroit donné, y compris dans les territoires en difficulté, je ne vois pas comment on créera de la mixité sociale. Cela suppose un peu de volontarisme, et une vision qui cherche réellement le progrès social, sans se contenter de se payer de mots.

Nous sommes évidemment attentifs à la mixité sociale, la rapporteure l'a très bien dit. Nous allons y travailler et en apporter la preuve. Que nous ayons l'objectif d'attirer dans ces endroits des cadres internationaux en provenance de l'étranger – ce sera probablement notre seule divergence, madame Faucillon – ne me semble pas un péché. Nous allons contribuer ainsi à la croissance française, à l'attractivité du territoire. Certains trouveront peut-être que c'est un mal, je pense que c'est un bien. Si, en plus, ces jeunes internationaux se mélangent avec des jeunes des territoires alentour et que l'on crée de la mixité sociale, ce sera au bénéfice de tout le monde. C'est notre objectif : mixité sociale et rééquilibrage territorial. Comme cela a été dit, plusieurs implantations permettront aussi de revitaliser un lieu. Ce peut être le cas dans les territoires défavorisés urbains, mais aussi en milieu rural. Il y a là une opportunité fantastique, pour les départements ruraux qui le souhaitent, de développer des projets.

Il est toujours erroné de penser qu'en procédant de la sorte, on crée des bulles. Le risque n'est évidemment pas à exclure, mais il faut en être conscient et l'éviter. Non seulement nous ne créons pas de bulles, mais nous créons des effets de halo : c'est ce qui s'est passé dans l'exemple que vous avez cité des classes européennes dans les collèges. Ce n'est pas sans raison que nous les avons rétablies en septembre 2017, car les classes bilangues, les sections européennes et les classes internationales sont au service de la requalification des établissements. C'est précisément dans les territoires les plus défavorisés qu'elles avaient été supprimées par le Gouvernement précédent : il en était resté 95 % à Paris, mais il n'y en avait plus que 5 % dans l'académie de Caen. Nous les avons rétablies à 100 %, à Caen comme à Paris. C'est cette politique qui continuera d'être menée : une politique volontariste au service de la mixité sociale, et donc du progrès social. L'international ne devrait faire peur à personne, et il peut être au service de la mixité sociale.

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