Intervention de Bruno Sido

Réunion du jeudi 17 janvier 2019 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Bruno Sido, sénateur :

Je voulais remercier M. Fugit. Effectivement, il a tenu compte de tout ce qui a été dit le 13 décembre dernier, je l'en remercie et le félicite du résultat obtenu.

Je voudrais donner mon impression à la lecture de cette note. En 2012, lorsque nous avons publié notre rapport avec Catherine Procaccia, un rapport très détaillé, l'ambiance n'était pas du tout la même. Il y avait un enthousiasme, une volonté. La décision était de réduire les coûts, et par conséquent, après moult discussions, réunions ministérielles nationales et internationales, la décision a été prise de faire Ariane 6.

Aujourd'hui, cela n'est pas dit clairement, mais j'ai bien l'impression, à la lecture en creux de la note qui nous est soumise, qu'Ariane 6 est mort-née. La décision qui a été prise à l'époque a donc été mauvaise. Pourquoi ? Pour des raisons de retour géographique dans chaque pays, que chacun connaît, on a conservé à peu près la même organisation nationale. À 0,01 % près, il faut que la dépense revienne dans le pays au taux prévu et en nature, donc sous forme de travail. On a conservé deux moteurs cryogéniques différents, aucun des deux n'étant ni à poussée ni modulables. Et comme il n'y a pas de retour du premier étage, il n'y a pas de réutilisation de ce dernier. Pour faire court, sur Ariane 6, « on a apparemment tout faux ».

J'en veux pour preuve que cette note nous dit qu'il y a un projet de nouveau moteur Prometheus, qui serait à oxygène et méthane liquide, et qui permettrait donc la modulation, avec un seul type de moteur sur les différentes parties du lanceur.

D'autre part, je trouve totalement anormal que, alors que les Américains ont décidé que leurs lancements institutionnels devaient être réalisés par des lanceurs nationaux américains, nous, Européens, nous nous permettons d'avoir une politique spatiale, d'avoir une fusée qui va être mort-née, et en plus, de ne pas s'en servir dans les lancements institutionnels et de choisir le lanceur le moins cher. Quel est le sens de tout cela ?

Au fond, il n'y a pas de volonté politique européenne réelle en la matière. J'ai écouté hier Hubert Védrine lors de son audition par la commission des affaires étrangères. Il nous disait que c'est le chaos, que les Européens ne savent pas ce qu'ils veulent… On le voit ici très pratiquement. En ce qui concerne la politique spatiale européenne, je n'ai pas le moral ce matin.

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