Intervention de Gérard Longuet

Réunion du jeudi 17 janvier 2019 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Gérard Longuet, sénateur, président de l'Office :

Tout en ayant le sentiment de sortir des compétences strictes de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, une matinée de réflexion ouverte à quelques grands acteurs témoins me semblerait opportune pour traiter de la gouvernance européenne de projets qui sont liés à l'indépendance, par exemple avec Arianespace, le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives), Thales,… Quelle attitude l'Europe choisit-elle au regard d'un monde qui est unique, quoiqu'organisé ? La mondialisation est une certitude, elle n'est ni neutre, ni libre, elle ne confond pas, comme dans une théorie des marchés, des acteurs qui n'auraient aucun rôle décisif, bien au contraire.

On voit bien que l'attitude des États-Unis, certes tranchée et caricaturée par les prises de position de l'actuel président, reste une réalité dans le monde. Et la Chine est tout autant une réalité, quand on voit la façon dont la Chine traite certains de ses partenaires, je pense en particulier à la mer de Chine, au Vietnam, aux Philippines, etc. Les réalités des puissances étatiques survivent à la mondialisation. Et donc dans certains domaines stratégiques, nous devons avoir une réflexion approfondie sur l'attitude de l'Europe.

Jean-Luc Fugit rappelle dans sa note que le Royaume-Uni a abandonné le programme Ariane, considérant que l'économie du spatial allait se banaliser. Je crois que c'est une erreur. Le spatial est un secteur économique avec des perspectives très fortes, et même là où existe une forme de banalisation, à l'instar par exemple du domaine de l'agriculture, il y a des projets américains stratégiques, pour une activité pourtant très ancienne.

Il ne serait pas anormal que l'Office déborde sur la politique, pour bien comprendre comment s'opèrent des choix dans les secteurs tels que le spatial, l'énergie dans son ensemble (plutôt que le seul nucléaire) et les nanotechnologies par exemple. Nous, membres de l'Office parlementaire, devrions organiser par exemple trois rencontres sur ces thèmes pour faire dialoguer les acteurs et accumuler des informations, essayer de déceler des lignes de force ou des contradictions dans ces gouvernances respectives. Nous serions pleinement dans notre rôle. Depuis toujours, la science est confrontée à la réalité des pouvoirs politiques et à l'accaparement, à l'appropriation, par ces pouvoirs politiques, de tels ou tels objectifs scientifiques.

Notre volonté est certainement de faire bénéficier de la meilleure science, et de la façon la plus égale pour l'ensemble de l'humanité, mais ayons la lucidité de reconnaître que cette dernière n'est pas une et harmonieuse. Elle est une et organisée selon des rapports de force que nous ne maîtrisons pas nécessairement.

Cette idée vous paraît-elle à creuser ? Oui, alors dans ce cas, creusons-la !

L'Office autorise la publication de la note scientifique n° 9 sur les lanceurs spatiaux réutilisables.

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