Il est impossible de vous expliquer en quelques minutes ce qui m'a pris 40 ans à comprendre sur l'expérimentation animale. Je profiterai donc plutôt de l'occasion qui m'est donnée pour faire le plaidoyer de la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la validité du modèle animal.
Lors de cette commission d'enquête, les experts invités à témoigner auraient la tâche de vulgariser leurs arguments afin que les personnes sans formation en sciences du vivant puissent bien comprendre les enjeux en toute transparence. Les conclusions devraient aboutir à des recommandations pour faire évoluer les lois qui exigent encore la pratique d'essais sur des animaux.
Voici très brièvement une proposition de questions essentielles qu'une commission d'enquête parlementaire pourrait étudier de façon approfondie :
1 Quelle est la signification du mot « prédire » en sciences du vivant ?
2 Quelle est la signification de la complexité et de la biologie évolutionnaire dans ce débat ?
3 Alors que notre plus proche cousin le chimpanzé, n'est plus considéré comme indispensable en recherche biomédicale selon l'Institut de la médecine aux États-Unis, pourquoi certains chercheurs insistent-ils toujours pour utiliser des singes, des chiens, des rats et des poissons zèbres beaucoup plus éloignés de nous en termes d'évolution ?
4 Un exemple édifiant est le Botox, qui contient la toxine botulique, la substance la plus toxique au monde. Aux États-Unis, l'industrie pharmaceutique a réussi depuis 2011 à remplacer les tests sur des souris par une méthode utilisant des cellules humaines en culture pour homologuer la vente du Botox. Si nous possédons aujourd'hui la technologie pour évaluer une substance aussi toxique, pourquoi alors continuer à tester sur des animaux des substances qui le sont beaucoup moins, comme nos médicaments ? Selon la FDA (Food and Drug Administration), Haute Autorité de sécurité sanitaire aux États-Unis, sur dix molécules ou médicaments qui ont réussi à passer avec succès les tests sur animaux, neuf vont échouer au cours d'essais cliniques chez les humains pour des raisons de toxicité ou par manque d'efficacité. Le taux de prédiction serait donc seulement d'environ 10 %.
5 Pourquoi l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) se base-t-elle principalement sur des tests sur des rongeurs pour établir les valeurs sanitaires de référence et les valeurs toxiques de référence pour les humains ? Nous ne sommes pas des rats de 70 kg. Nous sommes tous actuellement des cobayes, puisque nous avons ingéré pendant 30 à 40 ans le glyphosate, le bisphénol A, etc. Maintenant que l'on constate des pathologies chez les humains, les autorités de réglementation ne sont pas d'accord entre elles pour déterminer si les tests sur les souris sont plus performants ou plus prédictifs que ceux effectués sur les rats. On a négligé pendant des décennies des données précieuses issues de la biosurveillance et de l'épidémiologie ; il est dommage qu'on continue à se baser majoritairement sur des tests utilisant des animaux. Le résultat est que les enfants naissent aujourd'hui avec 300 substances chimiques de synthèse dans leur corps.
6 En France, en 2018, la dépense intérieure de R&D était de 50 milliards d'euros. Quelle part était attribuée à l'expérimentation animale et aux méthodes sans recours à l'animal ?
7 Pourquoi la représentation de la société civile au sein des comités d'éthique de recherche animale est-elle minoritaire, voire symbolique, alors que dans les pays scandinaves, elle y représente 50 % des membres ?
8 Opinion publique : plus d'un million de personnes ont soutenu l'initiative citoyenne européenne intitulée « Stop vivisection ! » en 2015. Actuellement, on compte près de 500 000 signatures contre l'expérimentation animale en France via des pétitions comme celles publiées sur www.mesopinions.com et sur les réseaux sociaux des associations de protection animale.