Intervention de Nicolas Dudoignon

Réunion du jeudi 17 janvier 2019 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Nicolas Dudoignon, vétérinaire, responsable de la politique de protection animale, Sanofi R&D :

Quand je parlais du cochon, il était question de mimer un infarctus chez l'homme. Dans ce cadre-là, il faut agir au niveau du coeur, et pour cela, on intervenait de manière chirurgicale par thoracotomie, c'est-à-dire qu'on ouvrait la cage thoracique. On retrouve ce genre de procédure dans les hôpitaux, lorsqu'une intervention est nécessaire au niveau de la cage thoracique. Il faut savoir que c'étaient des vétérinaires compétents qui pratiquaient ces opérations, avec les bonnes pratiques d'anesthésie et d'analgésie, et une surveillance accrue des animaux dans le réveil post-chirurgie et dans leur suivi au quotidien quand les pathologies se développaient par la suite.

Cette approche peut paraître choquante, parce que la technique elle-même est sévère. C'est effectivement une chirurgie lourde, mais elle est bien considérée comme telle : chacune des personnes impliquées dans la conception de l'expérience, dans sa réalisation et dans le suivi des animaux, est consciente de cela. Notre personnel animalier, qui est au contact des animaux plusieurs fois par jour, est conscient de cela. Il est le veilleur de terrain qui alerte le vétérinaire et les équipes de recherche quand l'animal montre des signes de fatigue ou d'essoufflement, parce que l'infarctus se développe.

Nous avons réellement amélioré la technique : aujourd'hui, l'approche chirurgicale qui permet de générer cet infarctus est une chirurgie mineure. Nous sommes plutôt satisfaits de ce genre d'amélioration, à la fois technique et scientifique. Le niveau de sévérité imposé à un animal pour créer un modèle de pathologie est ainsi plus réduit. Concernant le suivi de l'animal, le fait qu'il possède une forme de conscience est présent dans toutes les discussions, en amont lorsqu'on examine tous les contours d'une étude, mais également au quotidien sur le terrain ; le personnel l'a toujours à l'esprit.

Chaque personne a également conscience de ce que va devenir l'animal. Dans certains cas, pour les besoins de l'étude, il devra être mis à mort, parce que des prélèvements doivent être effectués, que ce soit pour faire des études de tissu en histologie, de la culture de cellules, ou pour analyser différentes composantes au sein des tissus. Cela n'est malheureusement pas possible sans euthanasier l'animal, car il ne se remettrait pas des suites de ces prélèvements.

En revanche, il est clair que la possibilité du placement des animaux est présente à chaque instant. Un cochon qui se remettrait d'une étude, de ce qu'on lui a imposé et des traitements que l'on a faits, est un candidat au placement. Reste à trouver la bonne personne, le bon endroit, apte à l'accueillir pour lui garantir le niveau de bien-être, au moins égal aux soins qu'on lui donne dans le laboratoire. C'est à la fois une contrainte réglementaire, mais aussi une garantie pour nous.

Nos programmes de placement concernent potentiellement les primates, si l'on est apte à trouver des sanctuaires privés prêts à les accueillir, mais aussi les chiens, qui deviennent alors des chiens du quotidien dans des foyers.

Bien entendu, cela se fait ailleurs aussi, et au travers de collaborations très fortes avec des associations comme le GRAAL, et avec les écoles vétérinaires pour que cela se passe dans les meilleures conditions pour les animaux.

Chez nous, la vie de l'animal ne dure pas le temps d'une étude, elle démarre chez le fournisseur, chez l'éleveur, et elle se finit après le laboratoire si c'est possible.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.