Intervention de Pierre Ouzoulias

Réunion du jeudi 7 février 2019 à 9h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Pierre Ouzoulias, sénateur :

– Merci de ce travail complet et intéressant. Les sciences humaines et sociales ne sont pas exemptes de ces travers. Je vous en donnerai deux exemples.

D'abord, j'ai un jour confié un travail à un étudiant, qui m'a rendu un plagiat à 80 % de l'un de mes articles sur la bière en Gaule. Mon travail avait été traduit en anglais sur un site chinois, sans aucune référence, mon étudiant l'a trouvé sur Google et l'a traduit…

Ensuite, j'ai assisté à un séminaire sur l'intégrité scientifique, au cours duquel un collègue, ayant repris toutes les données de l'expérience de Stanford, qui montre que le comportement d'un individu est lié à son milieu, a montré que les conclusions étaient préalables à la réalisation et ne découlaient pas de l'expérience. Ainsi, cette expérience fondatrice de toute une école de sociologie est remise en cause, quarante ans plus tard.

On le sait, de plus en plus de travaux universitaires en sociologie sont aujourd'hui réalisés sur des cohortes purement fictives.

Il y a donc une très grande souffrance, celle des scientifiques accusés à tort, et celle des personnes qui éprouvent des difficultés à dénoncer des faits d'inconduite, à faire valoir leur point de vue. La représentation nationale doit apporter une réponse. Contrairement à ce qui a pu être dit tout à l'heure, je crois que nombre de scientifiques attendent une intervention du politique.

La commission de la culture du Sénat travaille depuis longtemps sur des sujets connexes – fausses nouvelles, libertés individuelles, identité numérique – et sa présidente souhaitait confier à ma collègue Colette Mélot et à moi-même un travail portant sur l'intégrité scientifique. Cela ne doit pas entrer en concurrence avec votre travail, madame la députée, ce doit être complémentaire. Ce sujet peut montrer que l'Office peut travailler de façon intéressante et complémentaire avec une commission permanente. L'approche juridique ne doit pas être négligée et relève plutôt, selon moi, d'une commission parlementaire que de l'Office. En outre, la commission parlementaire peut convoquer des personnes à huis clos, de façon anonyme.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.