Merci, mes chers collègues, pour vos interventions. Lorsque nous les avons auditionnés, les responsables de l'Association des paralysés de France nous ont fait part de leur émotion car ils venaient d'apprendre qu'un questionnaire avait été adressé aux familles d'adultes handicapés afin qu'elles fassent connaître les revenus des parents de l'allocataire. Ce courrier a fait souffler un vent de panique parmi les intéressés, qui ont pensé que, désormais, le montant de l'allocation dépendrait également des ressources de leurs parents, quand bien même ils ne vivraient pas chez eux. Ainsi, l'Association des paralysés de France se demande si nous ne serions pas en train de glisser petit à petit d'une solidarité nationale vers une solidarité familiale.
Dans leurs témoignages, les personnes adultes handicapées s'inquiètent, bien entendu, de voir leur allocation baisser à cause de l'application des nouveaux coefficients multiplicateurs, mais ils nous parlent surtout de leur autonomie, de leur indépendance, de leur dignité. Imaginez que vous soyez un adulte en couple, et que le montant de votre allocation dépende du salaire de votre conjoint ! Alors que toute la loi de 2005 était fondée sur l'idée d'autonomie, sur la mobilité – même si on est loin d'avoir fait tout ce qu'il faut dans ce domaine –, sur l'accès au travail et aux études, on refuse d'en finir avec la dépendance de l'adulte handicapé vis-à-vis de son conjoint ou de sa conjointe. C'est sur ce point qu'il faut bouger !
Je sais bien qu'une réflexion est en cours sur la refonte de l'ensemble des minima sociaux, et nous en discuterons lorsque nous aurons des éléments d'information sur cette réforme. Mais la mesure dont nous discutons est urgente. Certes, on a annoncé l'augmentation de l'AAH, dont le montant a été porté de 860 euros à 900 euros. Mais les gens ont fait leurs calculs et ils se sont aperçus que les conditions d'attribution avaient été modifiées, de sorte que certains d'entre eux ne bénéficieront pas de cette majoration.
Encore une fois, il nous faut répondre dans l'urgence à cette situation. Au-delà de la question financière, il y va, je l'ai dit, de la dignité des individus touchés par le handicap. Ils veulent être autonomes et ils doivent, pour cela, avoir leurs propres ressources.