Remercions ceux qui ont déposé cette résolution : grâce à eux, nous allons pouvoir parler de cet accord de libre-échange avec le Japon, le JEFTA, ce qui, autrement, aurait été totalement impossible. Il est normal qu'on le dise, et que l'on dise aussi que l'on peut se reconnaître dans certains propos, comme ceux qu'a tenus il y a un instant Marielle de Sarnez.
Mettons d'abord la chose à sa place, dans son ampleur : il s'agit d'un accord qui touche un tiers de l'économie mondiale, 40 % des échanges mondiaux. Il affecte 600 millions de personnes. C'est le plus grand accord de libre-échange qui ait jamais été signé. C'est donc un événement qu'il faut apprécier dans toute son intensité.
Vous dites que c'est, en soi, un projet de société. En effet ! Et c'est un projet sur lequel je veux dire franchement que nous nous sentons en opposition totale : non, le libre-échange n'est pas, à notre avis, l'avenir de l'humanité. Nous croyons, au contraire, que le libre-échange provoque un nivellement par le bas de toutes les conditions sociales et de toutes les conditions environnementales, parce que, dans le système de l'économie capitaliste, c'est évidemment ce qui coûte le moins cher qui trouve le marché le plus étendu, quand bien même ce moins cher inclut destruction de l'environnement et souffrance des êtres humains. Ce n'est donc pas un complot, c'est une logique interne au système lui-même qui conduit à faire du libre-échange cette machine à malheur.
Dans ces conditions, je réaffirme que, de notre point de vue, celui du programme « L'Avenir en commun », c'est le protectionnisme solidaire, c'est-à-dire la renégociation bilatérale, qui permet d'établir ce qui est bon pour les peuples, en fonction des capacités de production et des aptitudes particulières de chacun d'eux. Autrement dit, il ne s'agit pas de nier le mouvement historique qui a conduit les peuples à leur différenciation, mais de prendre appui sur cette différenciation pour en faire un point de départ de coopération et non pas de compétition généralisée.
Nous accusons l'accord JEFTA d'être l'organisation d'une nouvelle forme de compétition absolue, qui sera dévastatrice pour l'environnement et pour les droits sociaux. Je vais essayer de le démontrer aussi rapidement que possible.
Si nous mettons en regard l'extraordinaire importance du contenu de cet accord et les moyens par lesquels les décisions ont été prises, le résultat est consternant. Pourquoi ? Le mandat de négociation avec le Japon a été établi en 2012, il y a plus de six ans. Il n'a jamais été rendu public. Ainsi, on a négocié sans que l'on sache de quoi, ni comment.
Le nouveau gouvernement français, le nouveau Président français venait pourtant de dire que l'Europe tomberait définitivement malade du secret, si on continuait comme on l'avait fait. Le Président avait dit : « Si l'on refait le CETA, alors la catastrophe est garantie ».