Pour répondre tout de suite sur le volet énergie, sachez que le ministère a en effet engagé un plan dit « Place au soleil » qui porte sur la mise à disposition de 2 000 hectares destinés à de la production d'énergie photovoltaïque. Il s'agit de terrains que l'on pourrait céder, ou que l'on conserverait car le coût de la dépollution, ou leur localisation peu attractive, les rend impropres à la vente. L'identification de ces 2 000 hectares se fera sur la durée de la LPM, et nous en avons déjà identifié cette année 300 hectares. Le plus aisé sera d'identifier les terrains propres à implanter du photovoltaïque, qui peuvent aussi être de grandes surfaces de toiture où l'intégration de panneaux se ferait au moment de leur rénovation. À ma connaissance, il n'y a pas de projet significatif lié à l'éolien. Les terrains militaires sont soumis à des servitudes liées à l'électromagnétisme et à la sécurité des vols des aéronefs. La question n'est pas totalement écartée pour des sites présentant des vents forts et réguliers, en premier lieu en outre-mer. Si, en métropole, l'énergie solaire concerne principalement les installations au sud d'une ligne Bordeaux-Valence, outre-mer la plupart sont situées en zone intertropicale, propice au photovoltaïque et à l'éolien et on pourrait viser à terme une autosuffisance énergétique. C'est un terrain d'expérimentation.
À ce stade, je ne peux pas indiquer quelle part de notre consommation énergétique pourrait représenter le photovoltaïque. Actuellement, la consommation totale du ministère est de 2,5 térawattheures, répartie pour moitié entre l'électrique et le gaz. La production attendue du plan éolien national, dans lequel la ministre des armées Mme Parly a indiqué que notre ministère allait s'impliquer, en évoquant les contraintes qu'il impose quant aux implantations, se chiffre en gigawatts. Les ordres de grandeur ne sont pas les mêmes. Par ailleurs, développer de l'éolien et du photovoltaïque sans capacité de stockage dédiées ne correspond pas aux besoins d'autonomie et de résilience de notre ministère. Nous continuerons donc à utiliser les énergies fossiles, principalement le gaz. S'agissant du chauffage, dans le cadre de contrats de performance énergétique ou du renouvellement d'installations, nous développons de plus en plus la filière bois ou biomasse sur différentes emprises, avec le recours à des circuits locaux pour être le plus vertueux et eco-responsable possible.
Enfin, j'ai naturellement des échanges avec le service des essences des armées (SEA). Notre service est chargé, pour les opérations extérieures, de la production d'énergie pour les installations fixes tandis que le service des essences a la charge de l'énergie liée à la mobilité. En métropole, on prévoit de transformer une part considérable du parc en véhicules électriques ou hybrides rechargeables. En fonction du nombre de véhicules à charger et de leur consommation, cela implique de redimensionner les réseaux de nos emprises militaires, notamment les boucles haute tension. La question concerne le SEA mais surtout le service du commissariat des armées (SCA) car la fourniture des véhicules est à sa charge. Il y a donc à mener en amont un travail de recensement des besoins à venir, en fonction desquels nous reconsidérerons le dimensionnement de nos installations.
S'agissant de Galileo, nous avions déployé un premier centre de secours à Saint-Germain-en-Laye, ce qui a été un argument pour déployer le centre principal dans cette ville internationale, où le Camp des Loges procure sécurité et discrétion. L'opération démontre la capacité technique ainsi que la réactivité du SID, car le centre est un ouvrage complexe disposant d'une cage de Faraday et de data center important. En ce qui concerne l'Agence spatiale européenne (ESA), je vous remercie de nous transmettre ce témoignage de satisfaction de leur part.
Toujours à Saint-Germain-en-Laye, le village d'Hennemont n'est pas le lieu de résidence le plus prisé des personnels, en raison non de sa vétusté, mais de son éloignement du centre-ville et du manque de transports. En contrepartie, les loyers sont peu élevés pour les surfaces proposées. Dans le cadre de renouvellement du bail de la Société nationale immobilière, ce patrimoine fera l'objet d'un contrat global de reprise en compte de la gestion, de l'entretien et de la rénovation. Comme l'ensemble des logements domaniaux de l'État, ceux de notre ministère souffrent de l'absence de remise à niveau énergétique. C'est sans doute moins vrai à Saint-Germain-en-Laye qu'à Metz, mais dans certains cas, l'avantage de loyers peu élevés par rapport au privé est annulé par le montant des charges de chauffage et d'électricité. Ces logements ont besoin d'une rénovation énergétique approfondie.
J'en viens maintenant à la problématique des ressources humaines. C'est effectivement la difficulté majeure du service. Actuellement, en France, autant le cycle de production de logements est en baisse, autant le génie civil et la commande publique sont en hausse, ce qui crée une tension sur le marché du travail et rend difficile de satisfaire nos besoins en ingénieurs et techniciens. Nous sommes en contact permanent avec les grandes entreprises et les PME-PMI du secteur du bâtiment, et toutes me font part de leurs problèmes de recrutement.
La concentration des grands chantiers – Jeux olympiques, Grand Paris – en Île-de-France et pour un temps limité absorbe les capacités des majors du BTP de province, même si en outre, la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur reste très active. Aussi les entreprises n'hésitent-elles pas à contacter directement nos cadres civils et militaires pour leur proposer des emplois, sur place dans leur ville de province, avec des niveaux de salaire qui n'ont rien de comparable aux nôtres.
Dès lors, comment attirer d'une part, et fidéliser d'autre part ? Pas grâce au salaire, qui est celui de la fonction publique. Nous avons donc demandé à pouvoir utiliser des primes pour rester concurrentiels, sur certaines niches comme les installations nucléaires, où très peu d'employeurs disposent de ces compétences. Nous jouons aussi sur la diversité des opérations que nous pouvons proposer, maintenant mais également dans la durée. On peut ainsi offrir à de jeunes ingénieurs et techniciens de travailler très rapidement sur des sujets complexes et des projets d'envergure. On peut aussi offrir des affectations outre-mer et à l'étranger, soit en mission de courte durée, soit des affectations avec famille. Par la suite, la fidélisation tient surtout à l'envie de rester dans des unités où règnent la cohésion et le sens du service. Par ailleurs, l'effet de bulle créé par les JO et le Grand Paris se terminera en 2024-2025. Les grandes écoles d'ingénieur, comme l'École supérieure des travaux publics, développent d'autres campus car il y a un fort besoin d'ingénieurs, mais à la fin de ces grands projets, il est probable que l'on formera trop d'ingénieurs dans les métiers liés à l'infrastructure.
La période actuelle est, certes, tendue. Il y a deux ans, les besoins en recrutement de notre service étaient de 90 personnels civils, l'an dernier, de 350 et cette année, ils avoisinent les 400. L'an dernier, nous avons réussi à les satisfaire car j'ai déployé un réseau de recruteurs, sur notre ressource, pour aller dans les lycées professionnels et les facultés délivrant des brevets de techniciens supérieurs chercher des candidats potentiels. Une bonne méthode est de recourir aux apprentis et à l'alternance pour les métiers d'exécution, mais aussi pour les techniciens et les ingénieurs. Les jeunes apprécient l'ambiance de travail au sein du SID, et certains signent des contrats, d'autres passent les concours de fonctionnaires.
S'agissant des cibles en crédits de paiement du service, ils étaient de 1,8 milliard d'euros l'an dernier, l'objectif est de 2,5 milliards en 2025. Nous avons effectivement un schéma d'emploi, de 2019 à 2025 des crédits liés à la dissuasion et de ceux liés aux grands programmes d'armement. Comme nous sommes dans une phase de renouvellement pour les trois armées, ce qui se produit tous les quarante ans environ, les crédits dédiés seront conséquent et de l'ordre de 500 millions par an sur l'ensemble de la LPM. Les crédits qui augmentent de façon significative sont ceux que nous avons demandés pour les opérations de maintenance lourde, principalement destinés à la reprise des anciens réseaux devenus vétustes (eau, électricité...) ainsi que les travaux pour l'hébergement et la restauration. La tendance est modérée jusqu'en 2022 puis elle sera en augmentation forte de 2022 à 2025.